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Interview de Bonaventure Nzigou Manfoumbi « Le gouvernement n’applique pas toutes les recommandations issues des différents dialogues politiques »

Dans une interview accordée à notre rédaction, le président en exercice du Congrès Corp, le député Bonaventure Nzigou Manfoumbi répond aux questions d’actualités, le futur dialogue politique, la vie chère et les objectifs du regroupement politique qu’il préside. Lecture !

 

Monsieur le président, vous êtes aujourd’hui à la tête du congrès de l’opposition républicaine et patriotique (CORP), quels sont les objectifs poursuivis par ce regroupement et quels sont les partis qui le composent ?

Je tiens d’abord à vous remercier pour l’opportunité que vous me donnez de m’exprimer sur un certain nombre de questions liées à l’actualité de l’heure. Le CORP a pour objectifs : la consolidation du processus démocratique ; la défense et la promotion d’une démocratie véritable, participative et apaisée, en vue des scrutins libres, justes et transparents ; lujtter pour la consolidation et le respect de l’état de droit. Voilà grosso modo, les objectifs de notre regroupement politique.

Quant aux partis qui le composent, il y a le FER, CCDG. PSU, MDJS, UPN, FAR, Morena, APSG, PDN, UPGL, USP, Cercle Omega, ARENA. A propos du dernier parti cité, le moment venu, certainement des discussions qui sont en cours aboutiront à d’autres résolutions.

Le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, lors de son discours à la nation le 31 décembre dernier, a annoncé la tenue prochaine d’un dialogue entre les deux camps politiques du pays, quelle est la position du CORP par rapport ces assises ?

Il faut commencer par se féliciter de la disponibilité du chef de l’Etat qui se caractérise par cette main tendue. Notre pays est dans une posture dangereuse. Le Gabon est dans un climat délétère. Et commander c’est prévoir. Le président vient d’anticiper en appelant de tous ses vœux cette concertation. La position du CORP par rapport à futures assises, nous l’avons déjà dit. Cette concertation est une bonne chose et le CORP y participera avec ses arguments, ses idées et ses propositions.

Monsieur le président, une certaine opinion pense que les différents dialogues politiques tenus au Gabon depuis 1990 n’ont véritablement pas toujours pas trouvé des solutions aux problèmes posés. Quel est votre commentaire ?

Dans le fond et au regard de l’évolution démocratique dans notre pays, il faut reconnaître que beaucoup de choses ont été faites dans le cadre du processus électoral. Il y a une certaine évolution. Vous savez, la France pour être un pays démocratique, a pris beaucoup d’années. Certes, notre démocratie est balbutiante mais il y a eu des évolutions. La manière de confectionner la liste électorale a été revisitée. De même, le code électoral a été amélioré. Le processus démocratique en général dans notre pays a quand même connu des avancées significatives. On ne peut pas dire que tout a été négatif. Mais on aurait souhaité que toutes les recommandations issues des différents dialogues politiques soient appliquées dans leur intégralité. Or, nous constatons, pour le regretter, que le gouvernement fait le jeu des tiroirs en choisissant certaines résolutions et en écartant certaines qui sont extrêmement importantes pour la vie et la stabilité de nation. En faisant le choix de certaines recommandations des différents dialogues politiques, le gouvernement fausse le jeu. C’est antidémocratique.

Monsieur le président, le caractère hétéroclite de plusieurs regroupements politiques créés au Gabon a souvent été à l’origine de leur éclatement systématique. Quelle assurance donnez-vous aujourd’hui pour convaincre  ceux qui sont sceptiques au CORP?

La qualité des hommes et des femmes qui composent le CORP. Au sein de notre regroupement, nous cultivons une autre mentalité. Aujourd’hui, nous privilégions la concertation pour le bien de la nation. Nous ne regardons pas midi à notre porte. C’est la grande innovation dans le CORP. Avant, dans plusieurs regroupements qui ont volé en éclats, chacun nourrissait ses ambitions personnelles. Au sein du CORP, nous avons privilégié l’avancée, la construction, la consolidation de notre démocratie et le développement de notre nation, au détriment des ambitions personnelles. Et nous pensons qu’en regardant vers cette direction noble, le CORP se démarquera des autres regroupements politiques.

Si à l’issue du dialogue politique, les deux parties tombent d’accord sur la composition d’un gouvernement d’ouverture, seriez-vous à faire partie de ce gouvernement ?

Cette question n’étant pas encore d’actualité, le CORP ne peut pas se prononcer pour l’instant sur le sujet. Nous aviserons le moment venu. Et cela nécessite au préalable, une concertation interne. Se prononcer maintenant sur cette question, alors que nous n’avons pas encore le chronogramme ou le programme de la concertation, c’est faire dans l’anticipation anarchique.

Avant votre mot de fin, quelle est la position du CORP par rapport à la vie chère qui dévalue de jour en jour, le panier de la ménagère au Gabon ?

 C’est un constat malheureux, voire dangereux pour la stabilité de la nation. Car, lorsque les gens ont faim, ils n’arrivent plus à envoyer leurs enfants à l’école. Ça créé une tension dans une nation. Il faudrait pour cela que notre modèle économique soit repensé. Il faut revoir la politique fiscale, parce que trop d’impôts tue l’impôt. La multitude des taxes créé la vie chère. Il faut que certains produits de première nécessité soient subventionnés, le Gabon a suffisamment de ressources pour apaiser les souffrances des Gabonais. De plus, lorsqu’on privatisé. Cela doit se faire dans les règles de l’art. On doit respecter les règles et les normes en la matière.

Puis, les banques installées au Gabon ne créent pas l’émulation auprès des populations. Elles n’incitent pas à la matérialisation des projets des jeunes qui veulent se lancer à leur propre compte. Le gouvernement doit penser à la mise en place de nouveaux mécanismes fluides à l’accès aux crédits bancaires au Gabon. Il ne faut pas que les banques continuent à faire à leur tête. Nous invitons le gouvernement à prendre ses responsabilités.

En ce qui concerne le panier de la ménagère, on doit instaurer un panier de produits anti inflationniste au Gabon.

 

Votre mot de la fin.

Pour conclure, nous invitons les Gabonais à la responsabilité et à une prise de conscience collective. Nous devons comprendre que nous n’avons pas de pays de rechange. Le Gabon doit être de plus en plus un pays de paix. C’est pourquoi le gouvernement est interpellé ici, afin qu’il prenne à bras le corps les préoccupations des Gabonais, à savoir: l’école, la santé, l’emploi, les routes, les transports…

Des dispositions doivent aussi être prises pour combattre véritablement le phénomène de tribalisme qui gangrène notre pays. Un gabonais doit cesser de dire à l’autre qu’il est plus gabonais que lui. Il faut  trouver des solutions idoines et pérennes pour lutter contre la corruption. Pour la consolidation de notre vivre-ensemble,  il faut mettre en place et concrétiser toutes ces réformes. Je vous remercie.

Propos recueillis par Jean-Yves Ntoutoume

 

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