L’éboulement survenu sur le chemin de fer entre les gares de Boué et d’Offoué, le 24 décembre 2022 contraint les gouvernants à colmater les brèches. La route longtemps abandonnée est redevenue le centre de toutes les pistes palliatives.
Du coup, des solutions aussi ubuesques que fantaisistes sont proposées pour pallier au plus vite l’isolement, en termes de ravitaillement, des provinces fortement impactées par cet arrêt du trafic ferroviaire. Jeudi 5 janvier dernier, ce sont les hommes en treillis qui ont été appelés à la rescousse, pour tenter de faciliter le fret. On se demande bien qu’elle magie vont opérer les militaires sur les routes fortement boueuses qui mènent vers l’Ogooue-Lolo et le Haut-Ogooue ? Vont-ils passer par la brousse avec des chars de guerre ?
L’aviation aurait pu aider à constituer un pont aérien entre Libreville et les zones coupées. Là encore, l’armée de l’air manque de moyens. Pas d’aéronefs. L’ultime solution étant l’ATR de la garde républicaine. L’armée sous équipée peut-elle réalisée la nouvelle mission qui lui a été assignée. Pas si sûr.
Quid de la route ? Abandonnée depuis longtemps, elle devient la seule alternative aujourd’hui. Au lendemain de l’accident du 24 décembre dernier, le gouvernement a envisagé la réhabilitation des tronçons routiers Koumameyong-Boué et Lopé-Mikouyi. Faute d’entretien, ces tronçons sont impraticables.
Dépourvu d’une compagnie aérienne nationale, après les morts successives d’air Gabon et Gabon airlines, l’aviation civile aurait pu être une solution au problème.
Si le pilotage à vue n’était pas érigé en mode gouvernance au Gabon, on n’en serait pas là. Dans un pays normalement constitué, un accident de train ne peut isolé une partie du pays. Plusieurs transports: terrestre, aérien et maritime sont des solutions aux accidents de train.
Mais au Gabon, tant que le train marche, l’avion et le bateau sont abandonnés. Depuis la mort d’air Gabon, les dirigeants du pays n’ont jamais trouvé à combler le vide. Mais peut-on avoir l’ambition d’atteindre l’émergence avec une dépendance dans ce secteur?
De même pour le transport maritime. La compagnie nationale est aujourd’hui au bord du gouffre, sans véritables moyens pour continuer à desservir ces destinations. Idem pour le transport terrestre. Les deux sociétés : Sogatra et Trans’urb sont dans l’agonie. Quel est donc ce pays qui prône l’émergence en abandonnant tout un secteur aussi important?
Sans les transports aérien, maritime, terrestre fiables et avec un chemin de fer en déliquescence, le secteur transport est à vau-l’eau. Les bricolages actuels ne peuvent constituer des solutions durables à moyen et long terme. Un aggiornamento s’impose.
Nelson Tchimbakaka