L’affaire des valises d’argent de Guy Nzouba Ndama, opposant, patron du parti Les Démocrates continue de soulever la sphère politique. Dans une tribune publiée sur sa page Facebook, l’ancien premier ministre, sous Ali Bongo, Raymond Ndong Sima, y dénonce un deux poids deux mesures. L’intégralité de la tribune.
Les gabonais mécontents du régime en place reprochent à leurs leaders leur manque de générosité. Ils attendent d’eux qu’ils se comportent comme leurs adversaires qui organisent des fêtes à chacun de leurs passages et distribuent des dons ici et là. Ils ne se soucient pas de l’origine de l’argent des partisans du pouvoir en place que leurs revenus ne peuvent pas justifier. Ils affluent partout et chaque fois qu’il s’agit de boire, de se partager des t-shirts. Les mêmes gabonais crient haro sur le baudet quand l’un des leurs, habituellement indexé comme un opposant douteux en raison justement de la tiédeur de son action, est arrêté avec de l’argent qu’il a, de toute évidence, collecté pour donner du tonus à son action politique. Que doivent finalement faire ces leaders de l’opposition ?
Le Gabon se proclame une démocratie. Ceci suppose l’existence de partis politiques qui ne partagent pas les solutions proposées aux problèmes auxquels le pays est confronté. Pour faire le travail d’explication, d’analyse de la situation et de présentation de solutions aux populations, les partis politiques ont besoin d’argent. Les militants de ces partis dits de l’opposition ne sont cependant pas souvent disposés à cotiser pour financer l’action politique de leurs partis, comme cela se fait dans la plupart des autres pays dans le monde. Quand bien même ils le feraient, ce ne serait pas suffisant pour couvrir leurs frais de campagne. Ils attendent du fondateur du parti qu’il finance avec ses revenus et ses économies. Les mêmes gabonais crient haro sur le baudet quand ce fondateur, habituellement qualifié comme un leader mou, est arrêté avec de l’argent qu’il est, de toute évidence, allé chercher ce qui prouve sa détermination à donner de la visibilité à son action politique. Que devait-il faire ?
Ailleurs sous d’autres cieux, le financement des partis a aussi donné lieu à des dérapages et autres dérives. La question a été résolue par une loi sur le financement des partis et des campagnes électorales. On a vu les ennuis judiciaires d’un ancien chef d’Etat de l’un de ces pays qui commandent le monde pour manquement aux limites fixées. Quand le parti de masse au pouvoir donne quarante millions à chacun de ses candidats pour battre campagne, personne ne lui demande quelle est l’origine de cet argent, les services d’investigation ne perquisitionnent pas ce parti pour lui demander de justifier ses ressources mais ils sont sur le terrain pour cueillir le chef d’un parti politique de l’opposition qui va chercher ailleurs ce dont il a besoin pour conduire son action.
Pourquoi une loi ne fixe-t-elle pas clairement les modalités de financement des partis et ne donne pas lieu à un contrôle comptable transparent des ressources utilisées par chaque parti tant pour les montants que pour l’origine des fonds ? Faut-il comprendre que l’adjectif qualificatif “démocratique” utilisé pour parler de notre pays n’est qu’un élément de langage sans rapport et sans contenu ?
Cela dit, le CFA en zone CEMAC est-il une devise ? Dans l’affirmative, à quel endroit le change-t-on pour aller d’un pays à un autre à l’intérieur de la CEMAC ?
R. Ndong Sima