Malmenés et maltraités dans leurs bons droits, les retraités gabonais ont de la peine à toucher leurs pensions. Dans le même sillage, les jeunes des quartiers défavorisés qui se disent marginalisés écrivent à Ali Bongo. Le cocktail social est explosif à quelques mois des élections générales.
Les 15, 16 et 17 juin derniers, les retraités des secteurs parapublic et privé ont commencé à toucher leurs pensions du mois de mai 2022, qu’ils attendent depuis le 5 juin dernier. La crise financière que traverse la caisse nationale de sécurité sociale, à l’origine des différents reports de paiement des pensions retraite, a contraint le gouvernement à suspendre le conseil d’administration et la direction générale de la CNSS, pour la mise en place d’une administration provisoire appelée à sauver l’institution pour une période d’un an. Mais en attendant, les retraités ne se font pas prier pour faire entendre leur voix. Surtout que dans cette bataille, ils ne sont pas seuls. Les actuels salariés étant les retraités de demain, le gouvernement a donc l’obligation de bien gérer cette situation, s’il veut se débarrasser de cette parade chaude qui pourrait sérieusement nuire à leur avenir politique. Surtout, à quelques mois des élections générales.
De l’autre côté, les jeunes des quartiers favorisés désignés communément « Mapanes », se disent aussi abandonnés par les pouvoirs publics. Le 8 juin dernier, réunis autour d’une coordination appelée « consortium national des forces des Mapanes », ils ont adressé une correspondance au chef de l’État, Ali Bongo Ondimba. Dans cette missive, ces jeunes s’interrogent sur « ce que sont devenus » les projets intégrateurs, à l’instar du projet : « un jeune, un métier » qui a complètement disparu du vocabulaire gouvernemental, après une très brève expérience.
La date du 8 juin, choisie pour écrire au président Ali n’est pas fortuite. Selon eux : « cette date particulière du 8 juin, date d’anniversaire du décès de feu Omar Bongo Ondimba, nous replonge dans l’histoire d’un homme généreux et juste ; d’un chef d’État qui durant son règne fut guidé par le désir du bien-être de son peuple », en plaçant les jeunes « au cœur de tous les projets de développement. » Or, aujourd’hui, poursuivent-ils, « force est de constater qu’il n’en est rien. La jeunesse gabonaise se meurt et perd espoir ».
Samedi dernier, au moment où mettions sous presse, ce consortium des jeunes devait tenir leurs premières assises.
La rhétorique que le gouvernement est habitué à servir aux populations en pareille circonstance, en lieu et place des actes concrets, pourra-t-elle suffire à faire baisser la température d’un front social gabonais de plus en plus agiter, à mesure qu’on approche l’élection présidentielle ? Wait and see.