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Le protectionnisme n’est pas gabonais !

C’est une lapalissade. Sur les plans politique, économique et judiciaire, le protectionnisme est, sans nul doute, l’un des talons d’Achille des gouvernants gabonais. La triste scène vécue le 15 juin dernier au quartier London, dans le quatrième arrondissement de Libreville, en est l’une des preuves. Ce jour-là, des engins en présence de la force publique, ont démoli, sous les regards impuissants des occupants des lieux, les biens immeubles d’une famille installée sur ce site depuis des décennies.

 

Selon les informations, cette casse a été motivée par le nouveau « propriétaire » du terrain litigieux. Un sujet Libanais, devenu certainement Gabonais. Ce dernier aurait, lui aussi, un titre foncier sur la même parcelle.

Surprenante, est la réaction du ministère de la Justice. Qui, après coup, aurait décidé d’ouvrir une enquête. C’est ce qu’on appelle : faire le médecin après la mort. Or, cette démarche aurait dû être le principal préalable avant l’intervention musclée qui continue de choquer et de faire jaser.

Quelques mois avant, les habitants de Lalala, dans le cinquième arrondissement de Libreville, ont vécu une scène similaire, avec la casse, toujours par les engins, d’une école. Là encore, l’intervention des autorités a été tardive. Le mal était déjà fait. Même s’il est vrai que le fameux « propriétaire » pour qui le déguerpissement a été effectué, n’est toujours pas entré en possession de son « bien ».

C’est que depuis des lustres, le Gabon est devenu ce vaste champ de maïs, où n’importe quel quidam profitant de la porosité de ses frontières et ayant bénéficié de la légendaire hospitalité gabonaise, peut se permettre de tout. N’importe qui,  par exemple,  peut falsifier les décrets de naturalisation, des actes de naissance et tranquillement aller se faire établir de vrais faux passeports, avec la complicité de quelques agents véreux.

« L’argent a pourri mon pays« , disait l’ancien premier ministre, feu Casimir Oye MBA, dans une interview accordée à un hebdomadaire panafricain. C’est ainsi que pour de l’argent, les familles peuvent aussi facilement brader contre les espèces sonnantes et trébuchantes, les terres ancestrales, pour se retrouver après dans la rue, non sans remous. Puisque le plus souvent, c’est le plus malin de la famille qui réussi l’exploit de vendre le foncier familial dans le dos de la fratrie.

Quid du protectionnisme ?

Là semble être l’origine de la perméabilité à plusieurs secteurs d’activités du pays. En effet, sous d’autres cieux, à travers des lois, certains domaines d’activités sont exclusivement réservés aux nationaux. Cela n’a rien de xénophobe. Par exemple au Cameroun voisin, il n’est pas possible qu’un non camerounais devienne conducteur de taxi ou s’intéresse à certaines autres activités qui sont à la portée du citoyen de ce pays. Or, au Gabon, même ceux qui n’ont pas la nationalité gabonaise sont libres de tout entreprendre, parfois avec un zèle déconcertant. Petits métiers, grands travaux, alimentation générale, import-export, santé, éducation, agriculture, élevage, hydrocarbures, exploitation des minerais, transport en commun, vente de sable et des parcelles… Tout ou presque est ouvert à monsieur tout le monde. Le plus souvent, de façon illégale.

En réalité, les vrais responsables de ce capharnaüm sont des Gabonais eux-mêmes. Certaines fripouilles occupant certains postes dans la haute administration (toutes les administrations confondues) n’hésitent plus à exposer le pays des prédateurs venus au Gabon uniquement pour se faire, coûte que coûte, du beurre. Avec en prime, la naturalisation, souvent sans une sérieuse enquête de moralité, des individus qui sollicitent la nationalité gabonaise uniquement pour les besoins de la cause.

« L’argent a vraiment pourri » le Gabon

Jean Yves Ntoutoume

 

 

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