Les festivités, en différé, du 12 mars que le PDG, au pouvoir, vient d’organiser dans la province de l’Estuaire – dernière étape desdites festivités – ont mis au goût du jour le malaise politique profond qui prévaut dans la première province du pays, à un an de l’élection présidentielle.
Si l’ensemble des localités de la province de l’Estuaire ont pu mobiliser les militants, pour un carton plein qui a eu le mérite de ravir la vedette aux autres provinces qui ont abrité, avant elle, ces festivités, il n’en demeure pas moins vrai que de fortes récriminations ont marqué cette messe politique tenue aux jardins botaniques.
Dans les abords de la grande tente où se sont amassées les populations, chacun allait de son avis sur la situation politique de la province, qui se traduirait par la mise à l’écart des hiérarques plus représentatifs pour booster le parti.
Il y a d’abord la configuration du Comité permanent qui compte désormais deux femmes, un alliage mal perçu par la camaraderie »esturienne » qui estime, à tort ou à raison, qu’en plus de ce que la parité homme femme est foulée aux pieds, à l’instar de la réalité dans d’autres provinces, il apparait que les nouvelles patronnes politiques de l’Estuaire seraient encore des bleues en politique. « Notre province regorge de cadres capables et rompus à la chose politique, mais on nous impose des jeunes femmes pour conduire le parti, sincèrement, nous sommes inquiets pour l’avenir« , s’exclame une vieille militante. Ce n’est pas tout.
Le dossier de la mairie centrale de Libreville, une arrête dans la gorge des cadres politiques de l’Estuaire. Ces derniers estiment que le débarquement de Léandre Nzue et d’Eugène Mba relève d’un complot visant des buts inavoués. Et que, le parachutage d’une hiérarque pas outillée dans la conduite de la chose publique, vise à humilier une province qui porte un poids politique de premier plan. Allusion faite aux joutes électorales qui pointent à l’horizon.
Du coup, la teneur des récriminations des militants de base du PDG de l’Estuaire semble traduire un malaise profond, un flou artistique qui serait entretenu, mais préjudiciable aux défis qui attendent le pouvoir dans cette partie du pays. Les indiscrétions avancent que la situation ainsi décrite par les militants pourrait avoir un effet contagieux et que, au niveau de l’élite de la province, le constat sur la mauvaise représentativité des cadres dans la sphère du pouvoir reste des plus préoccupante.
Et comme si cela ne suffisait pas, l’érection d’Akanda en chef-lieu de la province est venue mettre le feu aux poudres. C’est le conflit larvé au sein du pouvoir, à en croire les supputations nourries sur la question. Les pouvoirs publics seraient invités à l’annulation de cette décision qui, dit-on, pourrait être politiquement contre-productive pour le candidat du PDG à l’élection présidentielle de l’année prochaine. Dans cette palabre politique ouverte mais froide, le social n’est pas en reste.
La déliquescence du transport en commun dans la capitale est l’autre raison du mécontentement des militants. Pour ces dernières, l’Etat accorde très peu de considération à doter la première ville du pays d’une société de transport en commun bien structurée, comme c’est le cas dans d’autres pays africains moins bien nantis, en termes de richesses. Et pour couronner le tout, les jardins botaniques boudés en raison de l’inconfort de cette place des fêtes. Ce lieu apparaît dévalorisant pour une large opinion PDGiste qui peine à s’expliquer qu’après deux septennats du président Ali Bongo, le pays n’ait pas pu se voir doter d’un édifice plus valorisant pour abriter leurs cérémonies officielles. Pour éviter de ternir, un peu plus, l’image du Gabon aux yeux du monde, à cette ère moderne et d’interconnexion.