L’industrie du sucre a du mal à performer pour couvrir les besoins des populations à cause, dans d’une part, d’une ardoise de 8 milliards de FCFA que l’Etat gabonais doit à la société sucrière du Haut-Ogooué et, d’autre part, de la nouvelle politique de réglementation des changes en zone Cemac.
En 2021, le Gabon n’a pu importer que 4 134 tonnes de sucre à fin septembre, contre 7 371 tonnes importées à la même date en 2020. Une baisse de 44% principalement due, selon le ministère de l’Economie, à des difficultés d’accès aux devises à la Banque centrale depuis la politique de réglementation de changes en vigueur depuis le 1er mars 2019.
La situation met en baisse la production locale. Pourtant 8 751 hectares de terres dans le Haut-Ogooué ont été attribués par l’Etat à la Sucrerie africaine du Gabon (Sucaf), pour la culture de canne à sucre.Mais seulement 14 855 tonnes ont pu être transformées sur les 3 premiers trimestres de 2021, un recul de 11,8% en glissement annuel. La fourniture de sucre en morceaux a baissé de 14%, et celle des autres déclinaisons de 8%.
Ce que le ministère de l’Economie et des Finances omet volontairement de révéler, c’est que cette situation n’est seulement pas due à la nouvelle réglementation des charges en zone CEMAC. Il est aussi question de nombreuses difficultés financières rencontrées par l’entreprise Sucaf. Des difficultés financières dues au non-respect des engagements pris par l’Etat Gabonais en 1999, lors de la création de la SUCAF qui faisait suite à la privatisation de la SOSUHO (Société Sucrière du Haut-Ogouée). Le non-respect des engagements de l’Etat gabonais fait supporter à SUCAF près de 565 millions de FCFA par an, au titre des coûts sociaux, et ce, depuis 1999.
Les responsables de ladite société n’ont pas manqué d’indiquer qu’au regard du non-versement par l’Etat gabonais de la dette évaluée à 8 milliards 476 millions de FCFA, la société va certainement procéder à une vague de licenciements de ses agents.
Or, lors de la signature du protocole d’accord, l’Etat gabonais s’était engagé à prendre en charge les coûts sociaux relatifs au fonctionnent de l’entreprise, notamment le paiement des salaires du personnel soignant, la fourniture de médicaments à l’infirmerie, la mise à disposition des bus pour le transport des élèves, le paiement du loyer des enseignants, l’achat du véhicule assurant le transport des gendarmes pour les missions de sécurisation des installations de l’entreprise, le paiement du loyer des gendarmes dépêchés, plus de 3 milliards pour la réfection de la route, les coûts d’eaux et d’électricité pour 655 millions… En somme des coûts sociaux d’un montant de plus de 8 milliards que n’a cessé de supporter la SUCAF entre 1999 et 2022.23 ans plus tard, l’Etat n’a toujours pas honoré cet engagement.
Dans ces conditions, comment peut-on demander à une entreprise de produire plus, afin de couvrir le marché locale ? Là est toute la question.
LMA