Dans le secteur de l’éducation, pour ne prendre que cet exemple, les parents d’élèves dont les enfants sont orientés vers les établissements secondaires privés d’utilité publique, sont contraints de mettre la main à la poche. Raison :l’Etat ne paie plus sa quote-part. Cette réalité vient s’ajouter à bien d’autres avantages perdus qui réduisaient les inégalités des chances scolaires de l’élève gabonais d’antan.
Face au social, l’Etat a-t-il foutu le camp ? La question vaut son pesant d’or, au regard de certaines réalités vécues ces temps derniers. Ici, l’exemple le plus frappant est la démission de l’Etat dans la prise en compte des frais de scolarité des élèves orientés officiellement par le ministère de l’éducation nationale dans les collèges et lycées privés d’utilité publique.
En tout cas, les parents d’élèves dont la progéniture est en fin de cycle primaire ont été informés dernièrement, par les responsables des établissements scolaires du secondaire (publics et privés), que s’ils font le choix d’orienter leurs enfants dans un établissement privé estampillé utilité publique, les frais de scolarité de leurs gosses seront à leur charge, « parce que l’Etat na paie plus», ont-ils précisé.
«Depuis le début de l’année scolaire 2021-2022, les parents d’élèves, dont les enfants ont été orientés dans les établissements privés d’utilité publique, paient eux-mêmes les frais de scolarité de leurs enfants», indique un chef d’établissement secondaire privé. Une situation que vivent difficilement les parents d’élèves en ces temps de crise de Covid et son impact négatif sur le quotidien des populations.
Ici, la politique sociale gabonaise dans le secteur de l’Education a du plomb dans l’aile depuis plusieurs années. Tout a commencé avec la fermeture des internats. Fermeture justifiée officiellement, par la construction des établissements scolaires secondaires dans tous les départements du pays. Quid des bibliothèques qui existaient dans les lycées et collèges publics et qui aidaient les élèves dans leurs études? Elles ont brusquement disparu sans explications.
La bourse scolaire également. Après des paiements en dents de scie, il y a quelques années, elle a complètement disparu, alors qu’elle soutenait beaucoup d’élèves de familles démunies, notamment. Elle stimulait aussi les élèves à l’effort scolaire puisque cette bourse était payée aux élèves qui obtenaient au minimum 10 sur 20 de moyenne par trimestre. La seule bourse qui demeure est celle perçue par une catégorie d’étudiants. Jusqu’à quand encore? Nul ne sait.
Le transport scolaire qui a soutenu plusieurs générations d’élèves des établissements secondaires, a, lui aussi, été supprimé. Conséquence, se rendre à son collège ou lycée, pour plusieurs enfants de familles modestes, est devenu un véritable parcours du combattant. S’il faut ajouter à cela les grèves à répétition dans le secteur, depuis de longues années, il est évident que l’échec scolaire soit au rendez-vous. «C’est curieux que ceux qui prennent ces décisions sont, pour la plupart, les Gabonais des générations qui ont réussi leur parcours académique en bénéficiant de tous ces avantages qui soulageaient énormément les élèves des milieux défavorisés », s’insurge un élu national.
La cohésion sociale n’est pas seulement menacée par la persistance des inégalités, mais aussi par la conjonction de plusieurs facteurs, entre autres : les inégalités des chances scolaires, la prégnance des discriminations… comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui au Gabon.
Melchior Ndabeyene