Excroissance, située à cheval entre les 1er et 6e arrondissements de Libreville, Mfoul’Abang ou territoire conquis par les immigrés clandestins, est accessible par voie fluviale au départ des débarcadères d’Ambowe et celui situé derrière l’aéroport international Léon Mba. On peut également y accéder par voie terrestre à partir de Doum-Doum.
Une fois sur les lieux, on se croirait dans unrêve, au regard de la densité démographique de près de mille âmes, constituée essentiellement des sujets expatriés d’origine ghanéenne,
nigérienne, malienne, burkinabé, togolaise et béninoise pour la plupart. Tous ou presque en situation irrégulière au Gabon. Notre reporter parvient à arracher quelques confidences dans une langue d’un autre genre à l’un de ces habitants. » Nous venir ici à pirogue, nous donner l’argent et du poisson aux policiers », expliqueBenson Pélèbo Edègwèh, ghannen d’origine.
Visiblement, ces expatriés sont sur ces lieux depuis plusieurs années déjà, sans s’inquiéter de représailles de la part des autorités. De nombreuses familles vivant de pêche, d’agriculture et, depuis un certain temps, dans l’exploitation du bois qu’ils abattent, scient et revendent auprès des Syros-Lybanais propriétaires des dépôts de bois dans le 6e arrondissement où les fameux dos mouillés se ravitaillent d’ailleurs en vivres. Sur place, à Mfoul’Abang, les indiscrétions affirment que les Maliens excellent surtout dans l’abattage et la vente du bois, sans un quelconque permis d’exploitation. D’autres communautés, elles, en plus de la fabrication des boissons frelatées (Kaïkaï, Sogdabi, Oganda, Tchoukoutouetc), feraient également dans la culture du chanvre indien dont certaines plantes se sont transformées en arbustes.
Pour les parturientes, pas besoin d’hôpitaux, ces ménages qui vivent dans les maisons en terre battue font accoucher leurs femmes sur place et appliquent la médecine traditionnelle pour guérir les différents maux.
Leurs progénitures, dès le bas âge, sont contraintes à l’apprentissage aux activités aussi délicates qu’illégales de leurs géniteurs. Mfoul’Abang grouille de monde dans l’illégalité comme en terrain conquis où tout est permis. Dans cette partie du territoire dont le contrôle échappé manifestement aux autorités compétentes, la Covid-19 reste l’affaire des Gabonais, les dos mouillés venus nuitamment par des embarcations, avant de s’installer à Mfoul’Abang, eux, ne se sentent pas concernés par la pandémie sanitaire du moment.
Incroyable mais vrai ! La vie paraît plutôt paisible pour ces expatriés, dès lors qu’ils peuvent vaquer à leurs occupations et se faire de l’argent en toute quiétude. Tel est le décor qui prévaut dans les forêts de Bambouchine, dans le grand village hors la loi devenu des immigrés clandestins :Mfoul’Abang.