Lundi 11 octobre dernier, à la succursale de la Banque Loxia de Nzeng-Ayong, il y a avait un attroupement inhabituelle à cet endroit. Les retraités étaient en discussion avec le personnel de ladite banque pour non-paiement de leurs pensions. Une situation vécue dans toutes les banques domiciliées CNSS.
Et le spectacle est le même depuis le 5 octobre dernier, date à laquelle les retraités de la Caisse nationale de sécurité sociale doivent entrer en possession de leurs pensions retraites, les banques dont la plupart sont domiciliés leur ont baladé que de report en report.
Invité au cours d’une émission radio, le 12 octobre dernier, le Directeur général, Patrick Ossi Okori, a justifié cette situation au nombre important de retraités en attente de régularisation de leur situation, avant sa nomination à la tête de cette administration : « nous avons trouvé 5.150 retraités qui attendent leur premier droit à pension depuis trois ans pour certains. Les plus anciens, cinq ans. Nous découvrons même qu’il y a un retraité qui attend sa pension depuis 1999 », a-t-il indiqué. Au moment de sa prise de fonction, la situation était déjà intenable.
Un cumul de plusieurs années qui a conduit la Caisse à devoir d’importantes sommes d’argent : « tous ces nouveaux droits qui étaient impayés par tous mes prédécesseurs cumulent autour de 18 milliards de FCFA dont, 7 milliards pour la première pension qu’on doit verser à un assuré dès qu’il part à la retraite. Et le restant était essentiellement constitué des arriérés ».
Il faut conclure que la situation de la CNSS n’est pas des plus reluisantes. Elle cumule un déficit de 9 milliards de FCFA. L’administration recouvre 22 milliards de FCFA par trimestre. 12 milliards sont affectés aux prestations familiales, les maladies, accidents de travail, le fonctionnement … Et 10 milliards sont affectés au payement des pensions. Rappelons que le montant normal des pensions s’élève à 19 milliards de FCFA. Ce qui explique le trou financier actuel.
Situation qui s’explique du fait, selon le DG, Patrick Ossi Okori : « Mes prédécesseurs n’ont pas eu le courage d’aller payer ses nouveaux droits à cause de la situation financière. C’est-à-dire, s’ils ouvrent les vannes, la situation financière qui était déjà assez tendue va s’accentuer ». Avant de poursuivre : « dépenses de fonctionnement (…) sont très élevées. Nous avons des dépenses techniques de près de 28 milliards par trimestre. Tout ceci constitue une dépense globale de l’ordre de 31 milliards par trimestre. Nous avons besoin d’à peu 15 milliards par mois pour bien fonctionner ».
A côté de ces problèmes internes, il y a celui de 700 entreprises qui ne sont pas à jour vis-à-vis de leurs cotisations auprès de la CNSS. Et leurs redevances sont de l’ordre 300 milliards FCFA. Ce ne sera pas à chaque fois, pour percevoir leurs dus que les retraités doivent barrer des routes, dormir des nuits à la belle étoile etc.
Karl Dhorian
