Les images insoutenables des agents retraités barrant une route à Libreville a fait le tour des réseaux sociaux. Ces derniers revendiquaient le paiement de leurs pensions retraites. La sotie énergique du directeur général de ladite société pour convaincre les agents retraités vient de tomber à l’eau avec la publication d’une liste d’émoluments dont les chiffres oscillent entre 49.000 et 11 millions FCFA fait jaser ce week-end toute la toile gabonaise.
C’est vendredi dernier que la bombe CNSS a explosé aux yeux du monde, avec la publication sur Facebook d’un fichier des salaires de certains cadres et dirigeants de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Dans ce fichier, le directeur de ladite structure sociale, Patrick Ossi Okori, touche plus de 11 millions de francs CFA, tandis que 69 cadres se partagent plus de 170 millions de salaires mensuels. Si la plupart est à plus de 2 millions mensuels et individuels, une dizaine d’entre eux crèvent le plafond de 3 millions, quelques-uns frôlant ou atteignant les 4 millions.
Cette liste, absolument partielle, a naturellement suscité la controverse. Si certains ont pensé qu’il n’y est pas question de salaire, notamment du fait que l’un des listés n’aura touché, en septembre dernier, qu’un peu plus de 49.000 francs, de nombreuses sources ont affirmé qu’il s’agit bien de salaires.
Même si la publication des salaires relève du domaine privé et des données à caractères personnelles, encadrées au Gabon par la loi n° 001/2011. En son article 3, cette loi dispose, il n’en reste pas moins que le salaire de Patrick Ossi Okori pose un problème d’éthique. La CNSS n’est pas une entreprise privée en tant que telle. Elle n’est qu’un organisme privé chargé de la gestion d’un service public, n’ayant pas vocation à faire du profit. Du fait de sa mission de service public et de ce que ses ressources sont, pour l’essentiel, les cotisations des employeurs et des travailleurs, elle ne saurait s’attribuer des salaires frisant l’indécence.
L’institution est presqu’au bord de la banqueroute. Ses dirigeants pointent depuis des années le faible recouvrement des cotisations sociales, à l’origine des tensions récurrentes consécutives aux difficultés de paiement des pensions des retraités. Pourtant, la solution réside également dans le dégraissage du mammouth. Trop d’agents et cadres de la CNSS y sont littéralement en sinécure et ces traitements de nababs ne sont pas pour en améliorer la trésorerie.
Un coup de pied dans cette fourmilière s’impose.
Karl Dhorian