La nouvelle que beaucoup de Gabonais redoutaient est finalement tombée ce jour à Paris. Casimir Ange Marie Oyé Mba est décédé à Paris, ce jeudi 16 septembre de suite de Covid-19. Ce grand banquier, qui a fait toutes ses classes à la BEAC, fut choisi en 1990 par Omar Bongo, pour être le Premier Ministre de la République gabonaise, dans cette nouvelle ère du pluralisme politique.
Casimir OYE MBA a occupé la fonction de Premier ministre jusqu’au 2 novembre 1994. En raison des exigences et soubresauts politiques de cette période tumultueuse, qui commandèrent que soit mis aux manettes gouvernementales un personnage « neuf » ou un technocrate de haut vol, ce choix fut toutefois conspué par certains, mais fortement salué par d’autres. Alors qu’il sortait d’un univers professionnel n’ayant rien à voir avec les vicissitudes et remous du monde politique, cet homme fit face, avec combativité et brio, à au moins deux procédures de motions de censure initiées par une Assemblée nationale vivace, dans laquelle le débat était de haute volée. Homme de grande compétence, figure hors-norme qui ne laissait pas grand monde indifférent par ses analyses et interventions publiques, Casimir Oye Mba laisse une marque indélébile dans l’histoire de son pays.
Parcours de l’Homme
Casimir Oyé Mba, né le 20 avril 1942 à Nzamaligué (Komo-Mondah issu de l’ethnie Fang. Originaire d’une famille modeste de Libreville, il part faire ses études supérieures en France. Il obtient en 1965 une licence de droit et de sciences politiques à l’Université de Rennes, un DESS de droit à la faculté de Paris en 1966, et un doctorat en 1969 à la faculté de droit de l’université de Paris. Il suit ensuite une formation diplômante en finances au Centre d’études financières, économiques et bancaires (CEFEB) de la Caisse centrale de coopération économique.
Feu Casimir Oyé MBA effectue l’ensemble de sa carrière professionnelle au sein de la BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale), où il gravit les échelons, de simple stagiaire jusqu’au poste de gouverneur qu’il occupe de 1978 à 1990. Dans l’intervalle, il occupe parallèlement le poste de gouverneur suppléant du FMI pour le Gabon, de septembre 1969 à décembre 1976. Il préside l’Association des banques centrales africaines de 1986 à 1988. Il est nommé par Omar Bongo, le 3 mai 1990, Premier ministre de la République gabonaise, place qu’il conserve jusqu’au 2 novembre 1994.
Le 21 octobre 1990, il est élu député du département de Komo-Mondah dans la province de l’Estuaire, sous l’étiquette du Parti démocratique gabonais. Après 1994, il est maintenu dans le gouvernement de son successeur Paulin Obame Nguema en tant que ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, jusqu’en 1999.
Par la suite, Casimir Oyé Mba est nommé ministre de la Planification et de l’Élaboration des programmes en janvier 1999, sous le gouvernement de Jean-François Ntoutoume Emane, puis il permute avec son collègue Richard Auguste Onouviet au poste de ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie.
En 2009, il se présente à l’élection présidentielle anticipée sans étiquette, après avoir démissionné du gouvernement. Il affirme vouloir être le vrai candidat du consensus, en opposition à Ali Bongo, candidat officiel du parti au pouvoir, le PDG, avant de se désister sans donner de consigne de vote.
Il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2016 sous l’étiquette Union Nationale, et se retire finalement une quinzaine de jours avant le scrutin en faveur de Jean Ping.
Ces derniers mois, en tant que Vice-président de l’Union Nationale il avait décidé de soutenir la candidature de Paulette Missambo à la présidence de ce parti de l’opposition. Un dernier combat qu’il n’aura finalement pas mené jusqu’au bout. Il tombe malade après les récentes tournées à l’intérieur du pays.
Casimir Oyé Mba était marié et père d’une nombreuse famille.
Karl Dhorian