Au fil du temps, on constate une véritable main mise des politiques dans la gestion administrative des collectivités locales. Les maires PDG, en l’occurrence, sont gérés par le parti, selon la manière dont ils sont désignés.
Les différents scandales qui se succèdent ces derniers temps à hôtel de ville de Libreville, avec la récente « parodie de démission » confirmée le 17 juin dernier du maire Eugène Mba, arrivé à la tête du président du conseil municipal de Libreville, le 29 décembre 2020, suite à l’arrestation de son prédécesseur, Léandre Nzue, seraient-ils la conséquence du mode désignation des maires et autres présidents des conseils locaux au sein du parti au pouvoir?
Dans une élection locale, il est de notoriété publique, du moins dans de vraies démocraties, que les candidats au poste de président du conseil (maire ou président du conseil ), se fassent connaître auprès de leurs futurs administrés, afin de décliner auprès de ces derniers les ambitions qu’ils ont de leur collectivité, une fois élu.
Ce qui n’est généralement pas le cas au sein du parti au pouvoir. Où, pendant la campagne desdites élections, le parti avance plutôt masqué, en présentant une kyrielle de listes avec souvent des têtes de listes qui ne deviennent forcément pas maire ou président du conseil local.
A preuve, lors des élections locales de 2013, personne n’avait parié sur Rose Christine Ossouka Raponda, qui était classée 9eme sur la liste PDG du troisième arrondissement de Libreville. Et pourtant, c’est l’actuelle cheffe du gouvernement qui a bien succédé à Jean-François Ntoutoume Émane, à l’hôtel de ville de Libreville.
En réalité, le parti au pouvoir a pris l’habitude d’aller aux élections locales en brouillant les pistes sur le futur édile de la capitale gabonaise. C’est seulement lors du vote des grands électeurs que ce parti sort le grand jeu, en révélant au public « son » maire. Non sans avoir donné des consignes strictes aux élus locaux concernés. La suite, on la connaît. Le maire désigné obéit, au doigt et à la lettre, les injonctions du parti qui l’a fait roi. Quitte à démissionner pour « maintenir la cohésion et la bonne entente au sein du parti » dont il reste « un militant discipliné et fidèle ». Le cas du maire Eugène Mba.
Des manoeuvres aux antipodes des toutes premières élections locales pluralistes de 1996 au Gabon. En effet, lors de ces élections, le rassemblement national des bûcherons (RNB) avait clairement affiché ses ambitions, en donnant officiellement le nom de son candidat à la mairie de Libreville, Paul Mba Abessole. Idem dans la capitale économique, où le candidat du parti gabonais du progrès (PGP) à la mairie de Port-Gentil était notoirement désigné: Pierre-Louis Agondjo Okawe…
En 2013, la liste « Libreville pour tous » ne masquait pas son candidat à la mairie de Libreville : Jean Eyeghe Ndong. Ce dernier était connu des potentiels électeurs de la capitale politique du Gabon.
En entretenant systématiquement le mystère sur leurs candidats dans les mairies et autres conseils locaux, le parti démocratique gabonais a installé une instabilité constante au sommet des administrations locales. Une situation qui ne sert qu’aux seuls intérêts de ceux qui voient en ces institutions (principalement la mairie de Libreville) des lieux où il y a « à boire et à manger ».
Junior Akoma