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Secteur informel : le Gabon, leader en Afrique Centrale

En dépit des campagnes d’incitation, très médiatisées, à se faire immatriculer et, ainsi, de mise en conformité des commerçants des différents marchés de la capitale gabonaise, il semble que l’économie souterraine ne se soit jamais aussi bien portée au Gabon.

En effet, la Direction générale des Impôts (DGI) révèle que selon un classement du Fonds Monétaire International (FMI), datant de mai 2017, le secteur informel représenterait 40 à 50 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Sur 37 pays étudiés, le Gabon se classe à la 33ème place, et occupe la 1ère dans la sous – région d’Afrique Centrale. Selon les résultats de l’enquête, menée sur le terrain, par la DGI, sur les 1.400 entreprises recensées au marché de Mont – Bouët, 487 exerceraient dans l’informel le plus total, c’est – à – dire qu’elles ne sont ni recensées, ni immatriculées, et donc ne paient pas d’impôt. Et, après vérification, 98 d’entre elles ont fait de fausses déclarations sur la nature réelle de leurs activités. Dans un entretien accordé récemment à nos confrères de l’Union, le directeur général de la DGI, Gabin Otha – Ndoumba, a révélé que ce phénomène inquiète jusqu’au plus haut sommet de l’Etat, d’autant plus qu’il coûterait des dizaines de millions de francs CFA chaque mois. L’on se souvient que l’opération de recensement et d’immatriculation des commerçants de Mont – Bouët, lancée en mai et juin 2015 par la Direction Générale des Impôts avait déjà permis de mettre à nu l’ampleur du phénomène dans le plus grand marché de Libreville.

Un coup de pied dans la fourmilière, mais …

« La plupart de ces entreprises sont tenues par des expatriés. C’est pourquoi nous avons pensé qu’en conditionnant l’obtention d’un titre de séjour au paiement d’un précompte IRPP, ces derniers seront obligés de se rapprocher de l’administration fiscale qui saisira cette occasion pour les immatriculer », a indiqué le directeur général des impôts. Ainsi, les autorités reconnaissent que conditionner le renouvellement ou l’établissement de la carte de séjour au paiement du précompte de l’Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques (IRPP), est l’une des principales tactiques élaborées en vue de lutter contre l’économie informelle. Le moins que l’on puisse dire est que cette stratégie est ingénieuse et devrait permettre, à court, moyen et long terme, réduire l’impact d’un phénomène tout aussi préjudiciable que l’économie souterraine : celui de la sortie importante de capitaux, qui provoque, souvent, un manque de liquidité dans le pays. Cependant, il y a un détail qu’il ne faudrait pas perdre de vue : les auteurs du rapport du FMI ont désigné, au nombre des facteurs stimulant le développement du secteur informel, les charges fiscales et sociales, la qualité des institutions, la taille du marché et de l’activité économique. Ainsi, selon le Fonds, un système judiciaire inefficace, une bureaucratie excessive, le manque de transparence et la difficulté d’accès au crédit favorisent cette situation, surtout lorsque la corruption gangrène l’action gouvernementale. Autant de questions qui avaient déjà fait l’objet d’analyses dans de précédentes colonnes. Il importe, donc, pas seulement de faire payer un précompte de l’IRPP, mais aussi de repenser l’organisation de l’administration publique, notamment celle chargée d’immatriculer les nouvelles entreprises et de percevoir l’impôt !!!!

Yohan Freddy NGUEMA ZUE    

 

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