Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait. Ce dicton bien connu semble se vérifier avec cet appel à la paix des braves lancé par Guy-Christian Mavioga du BDC.
Des crinières blanches pour la plupart regroupées sous la dynamique dite des Notables de la République prônaient déjà une sorte de « Paix des Braves », il y a maintenant 3 ans. Relisons-les, c’était en mars 2018, le 16, dans la bouche de leur porte-parole, Paul Mba Abessole : « Nous invitons donc tout le monde à la Réconciliation. Il faut que chacun de nous rétablisse les relations rompues entre lui et les autres en acceptant de parler ensemble. Il nous faut abolir le souvenir des injures, des meurtres même. Si nous restons enfermés dans toutes nos brouilles, c’est nous-mêmes qui allons en mourir.Nous reconnaissons que l’idée des dialogues allait dans le bon sens. Ce que l’on peut regretter, c’est que chacun de ces instances n’ait tenu aucun compte de l’autre. Nous, nous avons lu les conclusions ou les recommandations de l’un et de l’autre, – notre principe social étant non pas « c’est toi ou c’est moi », mais plutôt « toi et moi ». Des choses fort intéressantes, utiles pour notre pays y ont été dites, pourquoi n’en ferions-nous pas une synthèse afin que nous en profitions tous ? Prenons la résolution de mettre ensemble nos compétences et nos nombreux savoirs. Dépassons notre orgueil pour rejoindre la première qualité que nos ancêtres recommandaient à leurs enfants, l’humilité, vertu qui mène à la gloire. Le Gabon, notre Gabon, est une immensité en longueur, en largeur et en profondeur. Il n’y a pas de place pour les orgueilleux sur notre terre. Un sage tsogo de Bilengui, avec un sourire au coin des lèvres, nous rappelle à chacun ce proverbe: « Ce n’est pas parce que tu as les yeux que tu vois ! »
Mais, bien avant eux, les Européens nous avaient formulé quelque chose de semblable en 2016 : « Notre observation a mis en exergue des défaillances importantes du processus électoral, notamment en termes de manque de transparence lors des phases cruciales et du manque d’indépendance de certaines institutions clefs. Il appartient aux Gabonais de trouver des solutions dans le cadre d’un dialogue afin d’y remédier, y compris en vue des prochaines élections législatives. » ou encore : « La mission souhaite que les recommandations formulées à la fin de ce rapport puissent contribuer au renforcement du cadre électoral en vue des prochaines échéances électorales. » Toujours dans le même sens : « Bien que l’engagement de la phase contentieuse à la Cour le 8 septembre ait contribué à renforcer le calme relatif qui s’établissait depuis plusieurs jours, les positions des deux principaux prétendants semblaient tout aussi tranchées, aucun candidat ne souhaitant renoncer à sa victoire. Afin d’apaiser le climat, de nombreux acteurs nationaux et internationaux ont régulièrement appelé à la responsabilité, au dialogue et à la retenue. » En 2017, c’est au tour du parlement européen de réitérer les mêmes orientations invitant au dialogue inclusif notamment dans sa 7ème recommandation où il « exprime ses réserves quant au degré d’ouverture du dialogue national lancé par le gouvernement gabonais et, par conséquent, à sa crédibilité et à sa pertinence; relève que Jean Ping et sa «Coalition pour la nouvelle République» ont refusé de prendre part à ce dialogue », ainsi que dans la 13ème où il « exhorte le gouvernement gabonais à apporter une réponse concrète aux inquiétudes de la communauté internationale, en organisant rapidement un forum consultatif pour un dialogue réellement ouvert à tous, transparent et impartial; demande également à l’opposition d’évaluer la crédibilité de ce processus »
Dans la tête de tous ces intervenants, il est bien clair que les braves de 2016/2017 c’était, en l’occurrence, Ali Bongo Ondimba et Jean Ping. Comme, il y a près de 30 ans, c’est connu, les « Braves » avaient pour noms Omar Bongo Ondimba et Paul Mba Abessole. Aujourd’hui, qui sont-ils quand on sait que Jean Ping s’oppose à tout dialogue et qu’il y a eu déjà un dialogue, celui d’Angondje, dont les actes sont, même insuffisamment, en cours d’exécution ? En tous cas, suffisamment pour tous ces « résistants » qui ont participé aux dernières élections et se retrouvent aujourd’hui au Parlement et dans les assemblées locales.
Stéphane MWAMEKA