Situation invraisemblablement que celle que vivent certains maires des communes du Gabon. Certains élus locaux sont contraints de battre le pavé pour se rendre à leurs lieux de travail.
Même si la majorité des maires du Gabon sont issus des rangs du Parti démocratique gabonais (PDG), parti au pouvoir depuis 53 ans, il n’en demeure pas moins que certains de ces élus soient logés à la même enseigne que leurs collègues de l’opposition. Si la situation est plus ou moins reluisante pour les maires centraux qui évoluent avec le matériel roulant acquis, soit à leurs propres frais, soit hérité des bureaux sortants, ce n’est pas le cas de certains maires adjoints d’arrondissements et de communes modestes. Situation résultante de la méchanceté de certains élus sortants qui emportent leurs véhicules de commandement.
A Oyem, par exemple, le Maire central a bénéficié du véhicule laissé par le maire sortant, Vincent Essono Mengue. Ce dernier a laissé à la mairie d’Oyem trois véhicules (3) dont un pour le maire central. Contre toute attente, le maire de la ville d’Oyem a affecté les deux autres véhicules au service de la comptabilité, alors que les maires d’arrondissement sont à pieds comme des citoyens lambda.
De la commune d’Owendo, en passant par celle de Ntoum,de Franceville, des 6 e et 3e arrondissements de Libreville, le spectacle est le même pour tous les maires qui empruntent des transports en commun pour se rendre au travail.
Il est loin de penser que Lambert Noel Matha, qui vient d’effectuer une tournée inter provinciale, a manqué de sauter sur l’occasion qui devrait normalement le préoccuper, lui, le patron des collectivités locales pour régler de telles injustices. Comment peut-il laisser les conseils départementaux et les mairies dans cet état de chose sans réagir se demande-t-on ? Fait inédit au Gabon. « On n’a jamais vu ça, au cours d’un mandat », s’est exclamé un premier maire adjoint (PMA) de Libreville.
A longueur de journée, les gouvernants ‘’gazent‘’les populations des slogans du style, ‘’la politique de partage prônée par le président de la République’’. A dire que la solidarité gouvernementale ne peut-elle pas agir en faveur des municipalités du Gabon qui triment? Quel effort peut bien fournir un élu, lorsque ce dernier est à pied ?
Cette situation est encore plus préoccupante cette année 2021, où les élus locaux du Gabon ont déjà effectué presque deux ans de leurs quatre années de mandat, et mieux, à moins de deux ans de l’élection présidentielle de 2023.
Le coordonnateur général des Affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin, en avril 2020, avait exploité chaque maire du Gabon, afin de procéder à la distribution de tonnes de vivres destinées aux Gabonais les plus impactés par les mesures édictées par les autorités pour limiter la propagation du Covid-19. Ainsi, les maires du Gabon avaient arrosé le pays, distribuant ce don du fils d’Ali Bongo. Alors, pourquoi penser aujourd’hui, qu’il ignore le calvaire enduré parderniers dont il s’est bien servi pour atteindre les populations ? Ce dernier, Noureddin Bongo Valentin, qui vient de rompre officiellement son silence, a récemment déclaré dans sa toute première interview accordée à Ecofin, une agence économique à vocation panafricaine… « Je sais que les Gabonaises me jugeront sur les résultats, sur les améliorations significatives apportées à leur quotidien », avait-t-il dit.
A l’évidence, voilà, un pan du quotidien des élus gabonais qui sommeille au seuil de sa porte depuis pratiquement deux ans. Un geste pour ces auxiliaires de commandement, investis du pouvoir populaire, ne sera pas de trop.
LMA