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Union Nationale : le fichier de la discorde

La semaine dernière, une bonne frange de militants de l’Union Nationale a reçu un sms un peu particulier sur leurs téléphones portables. Sur le modèle de  ceux que les maisons de téléphonie mobile utilisent pour faire la promotion de leurs produits, pour sensibiliser sur des causes sensibles et relayer les campagnes du gouvernement ou pour faire de la publicité, il leur était clairement demandé de voter pour Paul Marie Gondjout, un des deux candidats à la présidence de leur parti. La pratique est géniale de communication.

Elle est très délictueuse. Elle démontre au-delà de toute considération, que la volonté de gagner peut l’emporter chez certain sur l’obligation de respecter la loi. En l’occurrence, c’est le droit à la vie privée qui est mis à mal. C’est l’utilisation réglementée des données à caractère personnel qui est foulée au pied. C’est quelqu’un qui se saisit d’une position privilégiée pour s’en servir dans une compétition au détriment de son adversaire. C’est vil. C’est indécent.

Les sms de la semaine dernière ne sont d’ailleurs que la continuation d’une pratique qui s’est installée dans l’entourage de Paul Marie Gondjout. Il suffit d’être un de ses proches ou un membre de son équipe de campagne pour avoir accès aux informations personnelles et confidentielles des militants du parti.

Dans un moment de grand énervement, pendant le dernier congrès et voyant que l’ambition de présidence de son patron était en train de tourner en eau de boudin, son chauffeur n’a pas hésité à nier l’appartenance au parti d’un militant de la première heure pourtant bien connu pour ses activités et ses responsabilités. Il n’a pas hésité à nier la qualité de militant à Paulette Missambo, à André Mba Obame, entre autres, au seul motif que comme l’autre, ’ils n’ont signé aucune fiche d’adhésion à l’Union Nationale. Ce n’est le fait qu’il ignore que la fusion entre l’UGDD, le RNR et le MAD a implicitement entraîné, par sa validation dans les congrès qu’ont tenu les trois partis, une adhésion automatique qui est grave. Ce qui l’est, c’est que de son statut, il ait pu accéder à ces informations par définition confidentielles. Avec la complicité de l’informaticien, un prestataire du parti qui a mué en employé des Gondjout, il a farfouillé dans le fichier et a cru pouvoir exploiter ce qu’il en a tiré en public et pour nuire. D’autres exemples en ce sens sont légion sur la fréquence et le montant des cotisations des uns et des autres, données par des gens sans statut.

A cette allure-là, il devient certain que ce fichier informatique sur lequel les militants ont livré leur vie en toute confiance et sans souhaiter en voir traîner des bouts dans toutes les mains devient un danger individuel et collectif pour leur sécurité. Tout comme il est évident que le fichier d’un parti attire forcément des convoitises et que son accès par n’importe quel quidam le met sur l’incontrôlable marché de la spéculation.

Il est cependant simple de comprendre comment on en est arrivé à ce point de l’impudence. Profitant du fait qu’il est Secrétaire Exécutif adjoint chargé des élections à l’Union Nationale, et nourrissant depuis de longues années l’ambition d’en devenir le président, certainement avec la bénédiction de Zacharie Myboto, Paul Marie Gondjout travaille au noir et dans le noir depuis des années pour arriver à cette fin. De l’entrisme en recrutant un prestataire qu’il contrôle pour confectionner le fichier de militants du parti, il est passé à l’action de tamis en n’enrôlant que les militants qui semblaient adaptables à son projet. Alors qu’on disait l’enregistrement arrêté, faute par le parti de payer l’informaticien qui n’est même pas militant lui-même, alors que des milliers de fiches d’adhésion sont stockées sans être traitées, deux provinces ont vu leur nombres de militants exploser : le Haut-Ogooué et le Moyen Ogooué.

Faut-il sortir de Harvard pour comprendre pourquoi ? Mieux encore, comparés au secret qui entoure ce fichier des militants de l’Union Nationale, la NASA protège encore moins biens ses plans de fabrication et l’armée américaine est faite d’amateurs pour cacher un plan d’invasion de l’Afghanistan. Les Coordinations qui devraient l’avoir pour se mettre à jour ne l’ont pas. Le Secrétaire Exécutif, le supérieur hiérarchique de Gondjout n’y a pas accès. Il devrait être disponible au siège du parti. Il ne l’est pas. Il doit être publié un mois avant l’élection dans l’éventualité de réclamations et rectifications, il a été affiché à plusieurs reprises le jour du congrès pour être retouché et corrigé devant tout le monde, le président du parti qui aurait pu au moins faire semblant d’exprimer son désaccord compris.

Ce fichier est l’unique bouée de sauvetage sur laquelle Paul Marie Gondjout compte pour remporter une élection trop déséquilibrée pour lui en termes d’envergure, de compétence connue et avérée et d’aura de son adversaire. Paulette Missambo que rien ne perturbe, qui a subi des pressions pour qu’elle se retire, allant jusqu’à tenter de mettre sa mère à contribution pour obtenir cet abandon par elle, qui a essuyé des injures, d’abjectes intrusions dans sa vie privée, des calomnies en tout genre, mais dont la côte de popularité ne cesse de grandir chaque jour sous la forme de sollicitations nouvelles, de soutiens renouvelés ou et surtout d’encouragements à prendre la tête du parti.

Du coup, les militants qui sentent le coup venir par un manque de volonté affichée du Bureau du Congrès à ne pas régler clairement ce problème ont pris les devants.

Les Coordinations laissent désormais entendre aujourd’hui et  de manière très audible qu’aucune liste de participants au Congrès ne se fera sans eux. Elles optent plutôt pour qu’elle soit confectionnée en Assemblée Générale et revêtir la signature de tous les membres de leurs bureaux. Le bureau du Congrès n’aurait plus alors qu’à en vérifier la conformité et la leur retourner si nécessaire mais, sans la toucher. Pour elles, en dehors de cette voie aucune élection ne se fera, aucun congrès ne se tiendra.

Raphaël BadengaLendoye qui vient de renvoyer le Congrès Sine Die a de quoi réfléchir entre temps. Lui qui semble à les entendre, piqué par la mouche qui annihile la neutralité chez tous les arbitres électoraux du Gabon.

Melchior Ndabeyene

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