Le marché de la friperie nourrit bien son homme au Gabon, à en juger les bénéfices engrangés au quotidien par ces opérateurs. Des bénéfices qui vont bien au-delà du taux d’espérance, selon les témoignages de certains opérateurs du secteur recueillis au marché de la friperie des charbonnages par notre rédaction.
Vendre la friperie est une activité qui nécessite de la persévérance, à défaut de s’offrir les services d’un gardien, certains vendeurs portent eux-mêmes sur la tête ou à l’épaule leurs ballots de friperie entre le lieu de dépôt et celui de la vente. Un exercice auquel tout vendeur sérieux de friperie devrait se soumettre. Parce qu’en période de pourchasse avec la mairie, par exemple, chaque opérateur doit transporter à la hâte sa marchandise pour éviter que celle-ci ne se retrouve à l’hôtel de ville avec son corollaire d’amendes et de pertes. Malgré cette gymnastique quotidienne aux relents de hors la loi, cette activité, nourrit bel et bien son homme au Gabon.
Octavie, étudiante en fin de cycle à l’Université Omar Bongo de Libreville, reconnaît que sans cette activité lucrative, elle ne serait pas en master 2 aujourd’hui : « ne disposant pas encore mon propre capital, je suis une fervente chrétienne, pour éviter de me prostituer en attendant mon intégration dans une entreprise de la place ou à la Fonction Publique qui ne recrute pas pour le moment, je travaille pour une Prophétesse de mon église. Pour me soutenir, Elle m’a demandé si je pouvais vendre la friperie, chose que j’ai acceptée de faire sans nourrir de complexe pour me permettre de subvenir dignement aux besoins de mes deux enfants. Elle achète mensuellement un ballot de friperie de 2ème catégorie à 200.000FCFA, lorsque je finis de déballer et de vendre, nous nous partageons le fruit de la vente. Nous entrons dans nos fonds et nous engrangeons un bénéfice digne de ce nom. En dehors de la scolarité des enfants, je loue aussi un appartement ultra moderne dans la zone avec le fruit de la vente de la friperie. Donc, c’est une activité qui marche au-delà des préjugés que certains nourrissent encore à gauche et à droite » a-t-elle déclaré.
Un point de vue soutenu par Ondo Mba, gabonais, footballeur dans un club de première division de la place, qui avoue que sans la friperie, il serait devenu mendiant depuis que le championnat gabonais connaît des fortunes diverses. «Ce que je gagne par semaine en vendant mes « shibas » dépasse largement mon salaire mensuel en tant que footballeur. Quand le marché marche, il y a des jours où je rentre entre 50.000FCFA et 100.000FCFA. Du coup, je ne suis même plus motivé à poursuivre ma carrière de footballeur au Gabon » a précisé ce vendeur de la friperie aux charbonnages, dans le premier arrondissement de Libreville.
Une autre commerçante d’origine congolaise, mariée à un Gabonais, soutient que le salaire mensuel de son mari équivalent au SMIG, ne leur permet pas de joindre les deux bouts. Mais c’est grâce à la friperie qu’ils subviennent dignement à leurs charges. « Je suis spécialisé dans la vente des sacs d’occasions, mais avant cette activité, notre couple battait de l’aile. Parce qu’après avoir payé la maison et les autres charges, il ne nous restait que 10.000FCFA pour faire le marché. Nous étions réduits à manger le riz blanc tous les jours avec nos enfants. Et un jour, je me suis lancé dans la vente des sacs d’occasions. Aujourd’hui, nos conditions de vie se sont améliorées. Nous mangeons à notre fin, nos enfants apprennent dans d’excellentes conditions. Et mon mari, une fois sorti du travail, vient me soutenir dans l’activité. La misère et la précarité ont fui de notre foyer, je n’envie plus les fonctionnaires » s’est réjoui Irène lors de notre passage dans le marché de la friperie des charbonnages.
Les témoignages similaires sont multiples dans le monde de la friperie. Une activité qui mérite aujourd’hui plus de la considération et non de la stigmatisation comme c’est le cas en ce moment.
RMON