L’important maintenant est que le Président neutralise ceux qui, dans son entourage, élaborent des stratégies de division, de balkanisation et de stigmatisation.
Depuis quelque temps, le débat sur le traitement politique des Fangs par le régime en place ressurgit des profondeurs des abimes. Autrement dit, la question de ‘’Tout Sauf Fang (TSF)’’ qui sent le remugle, pour ne pas dire le faisan, ressort comme des bruits de chiotte. Dans les réseaux sociaux, c’est la très pugnace honorable Estelle Ondo, député de la commune d’Oyem, qui se fait le porte-voix de la dénonciation de cette situation. Elle en veut pour preuve ce qui est jugée comme une tolérance à l’égard de Michel Ogandaga, qui avait tenu des propos indécents à l’endroit des Fangs du Nord dont la province était considérée par ce délateur comme ‘’le bastion du judaïsme et l’antichambre du salafisme’’.
Au passage, ce contempteur traitait les PDGistes du septentrion comme des traitres. Que Monsieur Michel Ogandaga n’ait pas été rappelé à l’ordre est considéré par Estelle Ondo comme une attitude de connivence qui semble trouver son lit dans une sorte de philosophie anti-Fang. Pour mémoire, l’idéologie du ‘’Tout Sauf Fang’’ a atteint ses lignes de crête lors de l’élection présidentielle de 2009 en particulier. A sa manière, un autre personnage Fang RamsesEkomi, conseiller départemental PDG du Woleu et soutien engagé du président Ali Bongo Ondimba, vient de verser dans le débat internaute sur la question en mettant en exergue la différence de traitement réservée à Léandre Nzue et Jean-Marie Ogandaga dans leurs démêlés liés à l’argent public. Pour lui, à l’évidence, l’incarcération de Léandre Nzue participe d’une sorte de complot anti-Fang. Il ne serait pas hasardeux de considérer que l’une et l’autre personnalité politique évoquées ici disent peut-être tout haut ce que pense tout bas la majorité du peuple Ekang. En effet, les Fangs du Gabon sont peut-être, à tort ou à raison, gagnés par le syndrome de ‘’Fang Apache’’, si ce n’est d’être traités comme les enfants du divorce.
Et, fort malheureusement, certains faits alimentent ce sentiment. Ainsi, première communauté ethnolinguistique nationale avec plus de 30% de la population, les Fangs estiment normal que cette réalité soit prise en compte dans l’exercice du pouvoir politique. Depuis la dévolution du pouvoir suprême à Albert Bernard Bongo Ondimba il était de bon goût que le deuxième pan de l’Exécutif leur revienne à défaut d’une autre institution républicaine significative. Or, il fut un temps où aucun ressortissant de cette communauté ne trouvait grâce à la tête d’une institution. On a vu par exemple, au sortir du Dialogue politique d’Agondjé, un MagangaMoussavou préféré à René Ndemezo’Obiang au poste de vice-président de la République dont les ambitions n’en faisaient pas mystère. Et pourtant, avec un Kota à la Primature, la cause paraissait entendue et la nomination de l’homme fort de Bitam et doyen politique du Woleu-Ntem quasiment acquise. Les Fangs se demandent aussi pourquoi ils n’ont jamais eu l’heur de diriger le cabinet présidentiel comme si le principe de confiance ne jouait pas en leur faveur. Et, en observant les choses aujourd’hui, en dehors de René Ndemezo’Obiang qui jouit d’une sinécure au Conseil Economique et Social et Environnemental, institution qui ne relève pas malheureusement du pouvoir actif, aucun Fang ne se retrouve véritablement associé à l’exercice du pouvoir véritable. D’où ce sentiment d’exclusion qui radicalise. Mais, à la décharge du président Ali Bongo Ondimba, on peut dire qu’il a souvent fait confiance aux Fangs à la tête d’institutions sensibles comme l’Armée au poste de chef d’Etat-major général.
En plus, il faut se référer au discours du président de la République chef de l’Etat devant les chambres du Parlement réunies en Congrès le 12 septembre 2012, pour cerner la pensée d’Ali Bongo Ondimba sur cette question qui relève du tribalisme : ‘’ Le tribalisme est un poison que certains sont en train d’inoculer dans notre corps social, en prenant la supériorité de soi et le rejet de l’autre’’.
L’important maintenant est que le président neutralise ceux qui dans son entourage élaborent des stratégies de division, de balkanisation et de stigmatisation. Car, en 2023, il est fort à craindre que les mêmes causes produisent les mêmes effets et qu’une communauté importante comme les Fangs vienne à se recroqueviller. Ceci d’autant plus vrai que personne ne peut arriver à la tête du Gabon sans les Fangs. Et c’est une faute politique grave que de penser que les autres ethnies, toutes confondues, ont toujours accordé leurs suffrages au candidat présidentiel issu du PDG.
Les faits sont là pour démontrer qu’il ya eu des votes communautaires en faveur de Pierre Mamboundou, Zacharie Myboto, Jean Ping, Guy Nzouba Ndama, Maganga Moussavou. De cela, personne n’en parle et on ne sait pas de quoi sera fait 2023.