En grève depuis plusieurs mois, les agents des Régies financières ont eu pour réponse à leurs revendications : deux projets de décret visant à fixer et renforcer le cadre juridique permettant une juste rétribution des avantages liés à la performance. Une réponse qui vient mettre fin au règne des primes à tout-va. Et qui confirme la faillite d’un Etat qui a lui-même instauré un laisser-aller dans ces régies depuis des décennies.
Le vendredi 20 novembre 2020 restera marqué dans la mémoire des fonctionnaires gabonais, notamment ceux des régies financières : Douanes, Impôts, Hydrocarbures et Trésor. Considérés comme des fonctionnaires à part, grâce aux faramineuses primes qu’ils perçoivent, les agents publics des régies financières, en grève depuis plusieurs semaines, viennent d’être secoués par deux projets de décret.
Le premier fixe les modalités d’évaluation et d’attribution de l’intéressement spécifique servi aux agents des administrations concernées. Et le second institue une prime à la performance budgétaire. Les deux textes visent, selon le gouvernement, «à fixer et renforcer le cadre juridique permettant une juste rétribution des avantages liés à la performance ». En d’autres termes, il est mis fin au régime des primes payées à tout-va. La prime sera désormais payée selon la performance du fonctionnaire.
Mais personne n’est dupe pour comprendre que cette nouvelle décision des autorités est la conséquence logique d’une gestion désastreuse des ressources financières issues des régies financières. D’ailleurs, le régime politique du pays avait fait de ces régies, une chasse gardée des membres d’une certaine caste qui y casaient toujours leurs progénitures et leurs filleuls dans le sens ésotérique du terme. Bien sûr, en autorisant à quelques intrus d’y accéder pour donner un aspect républicain de ces administrations.
Ici, toute la question est de savoir, quelle sera la machine qui va jauger la compétence des agents de ces régies financières ? Parce que, si tel est que les efforts exigés aux agents vont être évalués par des êtres humains, il est à craindre que la subjectivité dictera encore sa loi. L’amère expérience de la rétribution de la fameuse et éphémère prime d’incitation à la performance (PIP) payée à la tête du client, est encore bien présente dans la mémoire du fonctionnaire gabonais.
Vraisemblablement, le gouvernement, par ces projets de textes, vient cyniquement de contourner certains adeptes aux grèves récurrentes dans les régies financières. Car, les grévistes, selon les nouveaux textes, n’auront plus droit aux primes. Mais les syndicalistes n’ont certainement pas encore dit leur dernier mot.
Nelson Tchimbakala