La date du Lundi 16 Novembre 2020 restera gravée dans la mémoire du peuple gabonais, suite à la séquestration de sa sélection nationale à l’aéroport de Banjul. Au début, je pensais à une fake News, car ce scénario me paraissait invraisemblable. Aussitôt, j’ai dû faire un voyage dans le passé, pour essayer de comprendre comment les hommes du Moyen-âge se comportaient, je vous avoue que je n’ai trouvé aucun exemple typique à la scène qui s’est produite ce jour à Banjul. Les écritures disent qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, mais la scène de l’aéroport de Banjul m’emmène à affirmer ceci : « L’Afrique n’a pas fini de nous étonner ».
Certes, je ne suis pas un spécialiste du sport, encore moins du football, mais je peux affirmer, sans aucun risque de me tromper, que le sport à des règles que tous les acteurs doivent respecter. À ce niveau de notre propos, nous comprenons qu’un match de football est une guerre d’intelligence et psychologique tout en respectant les règles. La première règle à mon avis est celle-là : un match de football « se gagne sur le terrain et non à ailleurs, encore moins dans un aéroport ».
Le gouvernement Gambien n’avait pas besoin d’infliger un traitement inhumain à la délégation gabonaise, ceci traduit, pour ma part, un manque d’hospitalité et de courtoisie. Étant des Africains, nous savons tous que le respect de l’étranger est une très grande valeur en Afrique. On prend soin de l’invité, afin qu’il garde un bon souvenir de son séjour chez nous.
Mes chers Gambiens, pensez-vous sincèrement qu’à la suite de cet incident, un Gabonais serait motivé à venir visiter votre pays ? Je suis dans le regret de vous le dire : NON ; tout simplement parce que les Gabonais à travers les images qui ont défilées en boucle sur les réseaux sociaux, se sont sentis blessés dans leur amour propre. Vous êtes allés trop loin dans votre stratégie de déstabilisation mentale des joueurs gabonais. Le Gabonais est un homme humble, respecté, respectable, et qui sait respecter ; demandez à vos compatriotes qui vivent au Gabon depuis des décennies, ils témoigneront.
Cela dit, les Gambiens ont montré à la face du monde que pour leurs propres intérêts, ils sont prêts à transgresser les principes.
Du point de vue politique, les dirigeants ont-ils mesuré la gravité de leur acte ? Ne sont-ils pas informés que par le fait de la migration interafricaine ou transafricaine, il se trouve qu’ils ont une forte communauté dans notre pays le Gabon ? Un match de football peut passer, mais les blessures peuvent durer toute une éternité. S’il ya une personne derrière cet acte, une personne qui a eu à proposer ce stratagème, alors il est dangereux, et le Gouvernement Gambien devrait prendre ses responsabilités en le mettant de côté.
Nous devons nous dire la vérité, les dirigeants du Gabon ont fait preuve de maturité politique face à cet événement. Cela pouvait avoir pour conséquence immédiate, la rupture des relations diplomatiques, avec le rappel de notre représentation diplomatique dans ce pays frère, mais il n’en n’est rien de cela. Au contraire, les dirigeants du Gabon ont fait preuve de hauteur d’esprit, bien que le peuple gabonais, durant cette journée, avait les yeux fixés sur le Palais du bord de mer en attente d’un mot d’ordre, comme à l’époque du match Gabon-Benin.
Cependant, l »exécutif gabonais a plutôt pris le monde à témoin, une manière de dire à la CAF de prendre ses responsabilités devant l’Histoire.
C’est l’occasion de l’affirmer ici, au-delà du jeu, il y’a l’enjeu.
À mes frères Gambiens comprenez une bonne fois pour toute, tout le monde ne regarde pas le match de la même façon; certains regardent tout simplement le jeu, c’est-à-dire admirent le spectacle sur l’air de jeu et d’autres voient au-delà d’un simple jeu. Moi je fais malheureusement partie, de la catégorie des personnes qui regardent le match sous l’angle géopolitique. Comme nous le savons, en Relations internationales, les Etats entretiennent les relations de puissance; de ce fait, un match de football est non plus juste une compétition, mais une géopolitique entre un sujet du droit international. Le terrain apparait donc comme un théâtre d’expression des rivalités entre puissances, au sens noble du terme.
Vue sur cet angle, les acteurs du monde sportif sont appelés à faire preuve de fair-play, mais surtout de respect mutuel. Un match de football ne devrait pas être le lieu où certains acteurs mal intentionnés, viendraient exprimer leurs frustrations de la vie. Il faut garder la tête froide et demeurer lucide, et surtout penser à l’après match. Comme nous l’avions dit supra, un match dure 90 minutes, mais les conséquences peuvent être profondes et sur le long terme.
L’Histoire retiendra que les Panthères ont perdu le match sur le terrain, mais le Gabon vient de remporter une victoire diplomatique. Certains observateurs politiques à travers l’Afrique attendaient la réponse de Libreville comme par le passé. Or, il n’y a eu aucune déclaration officielle du gouvernement. À mon humble avis, cette posture géopolitique du Gabon est à saluer; une posture qui consiste d’ailleurs à privilégier les relations de coopération, et surtout la diplomatie de la paix.
La Gambie a fait la démonstration qu’elle peut gagner un match de football par tous les moyens, au détriment des droits de l’homme. Un tel comportement sous le regard poli de la Caf, peut être vu comme du mépris à l’endroit de cette noble institution.
C’est pourquoi, nous pensons que la Caf devrait aller au-delà de la simple publication d’un communiqué, qui ne répare en rien le préjudice causé à l’équipe nationale du Gabon.
En fait, la Caf doit lire le droit et appliquer les sanctions prévues par le règlement, afin de décourager la Gambie, et bien d’autres pays qui seraient tenter de commettre le même acte; comme sanction, nous pensons par exemple que les derniers matchs de la Gambie à domicile doivent être joués dans un pays neutre, c’est à dire ailleurs que leur pays. Aussi, à défaut de faire rejouer le match Gabon-Gambie, il faudrait dans le décompte final, que la caf puisse enlever 2 points à la Gambie.
Loin de vouloir faire une fixation sur le match Gabon-Gambie, certains observateurs sont d’avis avec moi, que les conséquences de cet incident vont au-delà du résultat de ce match. Il concerne directement la crédibilité de la CAF.
Aussi, cet acte est venu montrer aux yeux du monde qu’en plein 21e siècle, il y’a des peuples en Afrique, qui refusent de rentrer dans la modernité.
Il faut mériter la victoire, il est inutile pas de faire recours à des stratagèmes de la préhistoire ou du moyen-âge.
La Gambie a perdu son prestige et sa crédibilité sur le plan international, on appellera désormais les Gambiens, les plus grands tricheurs du 21e siècle; car ils sont prêts à sacrifier les vies humaines pour gagner un match.
J’ai bien peur également à la suite de cet incident, de voir les équipes africaines désormais émettre des réserves à jouer avec les Scorpions, chez eux en Gambie.
Si le 16 Novembre 2020, ils ont eu le courage historique de faire « dormir » la délégation gabonaise dans leur aéroport de 23h à 06h, la prochaine fois à qui le tour ? La Caf ne devrait pas attendre le pire pour agir, comme on le dit : « Gouverner c’est prévoir ».
Cet incident est venu mettre à mal la crédibilité des dirigeants du football africains; d’ailleurs, les icônes du football africains à l’instar de Roger Milla, George Weah, Samuel Eto, Didier Drogba et bien d’autres, qui ont portés la voix de l’Afrique sur le plan sportif mondial, doivent avoir honte d’un tel acte.
C’est l’occasion tout indiquée d’interpeller la Fegafoot et ses dirigeants; vous devez désormais faire preuve d’anticipation, je ne le dirais jamais assez « gouverner c’est prévoir ». Ne vous laissez plus surprendre comme à Banjul, un homme averti en vaut deux, vous le savez mieux que moi, le sport fait partie des nouvelles guerres du 21e siècle.
Nous venons de retenir la leçon, même au football un match se gagne avant le match.
Je le dis en toute objectivité, les dirigeants de la Fegafoot nous ont fait courir un risque; pourquoi voyager à la veille d’un match aussi important ? À ce niveau de responsabilité, il faut tenir compte des imprévus et surtout de la loi de la contingence. Certes, nous ne pouvons plus refaire l’Histoire, mais pour la prochaine fois, il faudrait programmer le départ de la délégation 2 jours avant, un temps nécessaire pour permettre aux joueurs de s’acclimater et prendre leurs marques avant le match.
Aux joueurs de l’équipe nationale, courage à vous ; vous avez perdu une bataille et non la guerre : pour une fois, j’ai été très fier de vous. Vous avez fait preuve de courage, et vous avez comme des soldats sur le champ de bataille, honoré le vert-jaune-bleu.
Certes, nous comprenons la bonne foi de nos dirigeants, qui veulent jouer la carte de la transparence, et surtout préserver les vies humaines contre la Covid 19. Toutefois, ils devront maîtriser la rhétorique politique ou le discours officiel; puisque certains peuvent s’en servir pour ternir notre image ou nous donner des coups; nous avons trop crié à la fraude sur les tests Covid 19.
En définitive, nous retenons qu’un match de football est une guerre d’intelligence et psychologique. Certes, les Panthères du Gabon ont perdu le match sur le terrain, mais, le Gabon remporte une grande victoire diplomatique. Cet incident est venu ternir l’image du football africain et surtout mettre en mal la crédibilité de la Caf. Les Gambiens doivent extrêmement faire attention, un tel acte peut être considéré sous d’autres cieux comme une déclaration de guerre, et conduire à une rupture des relations diplomatiques.
Francis Edgard Sima MBA
Analyste politique