Guy-Patrick Obiang Ndong ne saurait se disculper de la part de responsabilité qu’il endosse dans la récente poussée de fièvre sociale qui a secoué la ville d’Oyem. Son bain de foule, après sa nomination au gouvernement Ossouka s’est déroulé à Oyem. Il n’y avait pas plus évidente banalisation des mesures barrières édictées par lui-même, GP. Obiang Ndong.
Le « faîtes ce que je dis et pas ce que je fais » illustré par l’ancienne cheville ouvrière du COPIL ne pouvait que resté gravé dans les esprits des uns et des autres dans la capitale provinciale du Woleu-Ntem. Mais, pas seulement d’ailleurs. Est-il seulement venu à l’esprit du nouveau ministre de la Santé de battre publiquement sa coulpe et de reconnaître qu’il avait fauté ? Que nenni jusqu’à ce jour ! Dans l’entourage de Guy-Patrick Obiang Ndong, on rétorque que ni Bolsonaro ni Trump ne sont excusés après leurs multiples bains de foule, même après avoir contracté le virus. A charge contre les « avocats » de GP Obiang Ndong, ces deux chefs d’Etat, le brésilien et l’américain, n’ont pas fait la promotion des mesures barrières contre la propagation du covid-19. A la différence du patron du COPIL qu’était le jeune médecin gabonais passé depuis ministre de la Santé, les deux présidents n’ont pas promu la distanciation sociale, ont banalisé le coronavirus considéré comme une banale grippe et traité les experts de menteurs, tout en ne portant délibérément pas de masque au cours de leurs meetings. Ils ont, en quelque sorte, été cohérents avec eux-mêmes.
L’accueil du ministre gabonais de la Santé sur le tarmac de l’aéroport d’Oyem était la démonstration de « je fais carrément le contraire de ce que je vous dis de faire». Quand, après ça, le gouvernement égrène son chapelet de restrictions pour canaliser l’exercice des cultes religieux, comment ne pas comprendre que cela prenne une tournure particulière à Oyem où le principal communicateur des mesures barrières les a bafouées allègrement, venu fêter à Oyem sa nomination et festoyer avec ses parents ?
Des actes, pour reprendre Arthur Page d’ « Echos du Nord » de cette semaine, assimilables à des « errements du Dr Guy-Patrick Obiang Ndong » qui, poursuit notre confrère, « n’ont fait que décupler la détermination des fidèles ». Une détermination conduite par Mgr Vincent Ondo Eyene et décrite ainsi par EDN : « A Oyem…on a pu voir l’Evêque avancer en tête du cortège, malgré les grenades lacrymogènes lancées vers les portes de son église ». Même le quotidien « l’Union » n’a pu s’empêcher de constater que « si dans l’ensemble, policiers et croyants sont restés dans un face-à-face pacifique, à Oyem, la tension est montée d’un cran ». Toujours à Oyem et dans les pages de «l’Union », on peut y lire : « Les nombreux chrétiens et leurs chefs religieux ont tenté de braver l’interdiction décidé par le gouvernement… A suite de plusieurs sommations infructueuses, les forces de l’ordre ont tenté de disperser les chrétiens et les responsables religieux, en usant de bombes lacrymogènes. » (In « l’Union » du 26/10/2020)
Tout le monde en convient, le gouvernement, et tout particulièrement son ministre de la Santé, GP. ObiangNdong, étaient très mal placés pour imposer, sans véritable dialogue préalable, des restrictions qu’il ne s’impose pas lui-même. Et sans excuses pour la dérogation qu’ObiangNdong s’est auto-octroyée pour ne pas respecter les mesures barrières.
Au Bénin, suite à une rencontre entre membres du gouvernement et responsables religieux, la Conférence Episcopale du Bénin a donné les recommandations essentielles et officielles pour la reprise des cultes religieux. La réunion se tenait au… ministère de la Santé : lavage systématique des mains de tous les fidèles à l’eau et au savon ou au gel hydro-alcoolique ; port du masque ; distanciation sociale d’un mètre au moins ; plus de salutation à la sortie de la messe. Et, pour finir, le gouvernement béninois a menacé de prendre d’autres dispositions plus contraignantes si celles-ci ne sont pas respectées. Et ça roule ainsi depuis le mois de juin dernier.
En France, la Conférence des Evêques de France avait favorablement accueilli le décret du 23 mai 2020 qui autorisait la reprise de l’exercice des cultes avec les restrictions et les mesures de précaution qui l’accompagnent. Comme, ailleurs, la désinfection des mains à l’entrée de l’église ; le port obligatoire d’un masque de protection (sauf pour les enfants de moins de onze ans) ; la distanciation physique d’au moins un mètre entre deux personnes (sauf pour les enfants de moins de onze ans et sauf pour les couples et familles) ; la communion dans la main en enlevant temporairement son masque. La Conférence des Evêques de France a communiqué aux prêtres et aux équipes d’animation pastorale les dispositions sanitaires à ne pas enfreindre. Il leur revient de sélectionner les églises qui pourront accueillir des assemblées et de déterminer le nombre de personnes qui pourront y être accueillies.
Même à Caracas, au Venezuela, on a réussi à parvenir à des compromis entre l’Eglise et l’Etat. Les fidèles sont dans leurs voitures ; sur le parvis de l’église, les prêtres disent la messe et, au moment de la communion, passent entre les véhicules remettre les hosties à la main.
Comme quoi, des solutions existent. Pour cela, il faut dialoguer.
Pourquoi ce dialogue a-t-il un mal fou à s’installer dans notre pays cédant le terrain à l’arrogance de ceux qui ne font pas eux-mêmes ce qu’ils exigent des autres et à une violence inutile, parfois déclencheuse de voies sans retour ?
Monsieur le Ministre, ne vous sentez-vous pas en partie responsable de ce qui s’est passé et aurait pu se passer à Oyem dimanche dernier ?
Stéphane MWAMEKA