L’actualité mondaine de fin de semaine dernière reste dominée par ce fait insolite qui s’est produit au Lincolnshire Wildlife Park de Boston, un parc animalier, en Angleterre, où cinq perroquets gris du Gabon ont été retirés de l’exposition.
En effet, les oiseaux ont été, en quelque sorte, « bannis » parce qu’ils insultaient, copieusement, les visiteurs, ne laissant d’autres choix aux responsables de la structure, que de les mettre à l’isolement. Au – delà de l’hilarité que cette histoire a provoquée se posent certaines questions ; parmi lesquelles, sans doute la plus légitime, celle de savoir comment ces cinq perroquets gris se sont retrouvés sur le sol anglais. Cette question est d’autant plus intéressante que la commercialisation de cet animal est interdite depuis 2016, par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacés d’extinction (CITES). Or, d’après The Independant, un journal britannique en ligne, le parc animalier de Boston aurait fait l’acquisition des cinq perroquets … le 15 août 2020. Donc en toute illégalité. Et quand on songe que le « Jaco » est l’espèce la plus recherchée de sa famille, il apparaît évident que ces cinq oiseaux ont fait l’objet d’une exploitation illégale d’espèce protégée ; et, donc, de braconnage. En attendant les réponses que le ministère des Eaux et Forêts, dont dépendent ces volatiles, pourrait apporter, il serait opportun de s’arrêter sur la question.
Le braconnage désigne la chasse ou la pêche illégale. Il se définit par la législation qui l’applique ; concernant le permis de chasse ou de pêche, les dates et lieux de chasses autorisés et les listes d’espèces autorisées à la chasse et à la pêche. La portée des effets du braconnage diffère selon qu’il s’agisse des espèces dites sédentaires et celles migratrices. Aves des variations selon les lieux et les époques, il existe une large gamme de raisons au braconnage, de l’alimentation de survie à la commercialisation de poisson, viande, peau, cornes, ivoire, carapaces, etc. La fragmentation forestière et le développement des réseaux routiers, ainsi que de nouveaux moyens de transport – avion, hélicoptère, bateau motorisé, etc. – ont accru les surfaces braconnées, l’accès aux zones protégées et parfois l’ampleur du braconnage.
Ce phénomène se pratique généralement au détriment de la gestion durable des ressources naturelles car hors comptage et pouvant être source de disparition rapide – locale ou totale – d’une espèce, notamment quand il vise une espèce vulnérable ou s’effectue là, où et quand elle est vulnérable – au nid, en migration, en saison sèche autour des points d’eau, etc. – Le braconnage perturbe les systèmes organisés de gestion – quotas, agrainage, restauration ou réintégration de population, etc. – Du gibier ou de certaines espèces protégées. Il est parfois source de troubles sociaux ou socioéconomiques : dans certains pays, il s’apparente à un pillage organisé, effectué par des groupes armés, qui ne respectent pas les systèmes de régulations qui existaient chez les populations autochtones – chasse et pêche traditionnelle – et alimente des pratiques mafieuses, telles que le trafic d’armes. Il se fait au détriment du trésor public et contribue à appauvrir des états déjà pauvres.
Le braconnage peut aussi, et surtout, avoir un impact écologique : il est souvent à l’origine de l’extinction des espèces. C’est un des facteurs principaux de perte de biodiversité, avec la destruction d’habitats naturels et le changement climatique. Il menace la survie d’un certain nombre d’espèces dont le perroquet gris du Gabon, très apprécié pour son plumage et sa capacité à imiter le langage humain. Le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) estime que 2,1 à 3,2 millions de perroquets gris ont été capturés de 1975 à 2013. Il faut croire que c’est une activité très lucrative puisque la valeur d’un « Jaco » se négocie parfois jusqu’à un million de francs CFA !!!!
Yohan Freddy NGUEMA ZUE