Le début de cette semaine a été marqué par l’éviction, le mardi 18 août dernier, du désormais ancien Chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), de la tête de la République du Mali.
Cette opération, minutieusement préparée, a été menée par des officiers supérieurs, dont l’adjoint du camp militaire de Kati, le Colonel Diaw, et un haut –gradé de la garde nationale ; et qui a consisté en deux choses essentielles : dans un premier temps, prendre le contrôle du camp de Kati, qui est l’une des garnisons les plus importantes du pays ; ensuite, arrêter les chefs d’Etat – major, le Président de la République et le Premier Ministre. Est – ce une surprise ? Non, car pour le commun des Maliens, cela fait plusieurs années déjà, depuis le renouvellement du mandat d’IBK, que les gens sont dans la rue, dénonçant des choses très graves. Et personne n’a volé à leur secours lorsqu’ils se sont plaints de la corruption endémique et que, selon certaines sources, 40% des fonds publics étaient détournés. Personne ne s’est plaint du fait que le Mali se trouve dans l’incapacité totale de sauvegarder l’intégrité de son territoire national et de sécuriser les biens et les personnes. Tout cela posait un problème de gouvernance. Les mauvais esprits diront que cela s’est fait avec une très grande élégance mais la situation n’incite guère à l’usage de ce terme : ce résultat est la conséquence de l’échec du dialogue avec le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5 – RFP).
Coup de force
Quant à l’acte posé par l’armée malienne, il s’agit d’un coup d’Etat qui, en droit constitutionnel, est une action de force contre les pouvoirs publics exécutée par une partie des gouvernants ou par des agents subordonnés, notamment des militaires – dans ce dernier cas, on parle aussi de Putsch ou de pronunciamento – , et qui vise à renverser le régime établi. C’est un renversement du pouvoir par une personne investie d’une autorité, de façon illégale et souvent brutale. On le distingue de la révolution en ce sens que celle – ci est populaire. Le secret, non seulement vis – à – vis de l’extérieur mais aussi des autres comploteurs, constitue la première arme des putschistes, celle sans laquelle les meilleures préparations risquent de s’effondrer. La technique de base du coup d’Etat consiste à s’emparer des organes centraux de l’Etat ou à les neutraliser, en occupant leurs lieux de fonctionnement qui sont aussi les lieux symboliques du pouvoir. Il faut aussi arrêter les gouvernants, faute de quoi il leur sera loisible d’organiser une riposte. Les auteurs de coup d’Etat ont aussi pris l’habitude de couper ou d’accaparer les moyens de communication (Téléphone, télégraphe), les arsenaux, les gares, les aéroports, etc. A l’occasion d’un coup d’Etat, un « vide » constitutionnel et institutionnel apparaît.
Il est donc nécessaire, généralement, de régulariser ce vide en fondant une nouvelle constitution, permettant l’exercice d’un pouvoir constituant, de manière autoritaire, sans recours au suffrage universel et au principe démocratique. Les coups d’Etat sont habituellement effectués par des militaires contre des gouvernants civils. Pour que les résultats soient acquis, il est préférable de dire qu’ils vont répondre aux vœux de la majorité de l’opinion publique. Le succès du coup d’Etat dépend aussi du contexte international : les pays voisins peuvent être favorables ou non à leur réalisation ; et y répondre militairement ou pas. C’est pourquoi l’un des premiers actes des auteurs modernes de coup d’Etat est d’annoncer que les accords internationaux seront préservés. Le pouvoir militaire malien saura – t – il répondre à ces exigences ? Seule la suite des événements pourra le dire. Quant à IBK, il est vraiment dommage qu’il termine ainsi : il s’agit tout de même d’un président qui avait été élu démocratiquement !!!!
Yohan Freddy NGUEMA ZUE