De sources assez crédibles, nous apprenons que le maire de Libreville, Léandre Nzué serait dans le collimateur d’un ou d’une « sniper ». Qui pourrait bien en vouloir à une personnalité qui, il y a seulement quelques semaines, venait d’apporter un soutien inconditionnel à Ali Bongo Ondimba, pour la prochaine présidentielle de 2023 ?
On se souvient de ses déclarations : « C’est grâce à Ali Bongo que je suis ici. Je prépare déjà 2023. Je dois sécuriser les votes d’Ali Bongo à Libreville. Pendant que je suis là, 2023, Ali Bongo ne perdra pas ici à Libreville. Il va gagner car je suis à la mairie » Ou encore :« Ceux qui peuvent comprendre vont comprendre. Les gens qui travaillent ici que j’ai embauchés, c’est Ali Bongo qui leur a donné le travail. Je suis le représentant du président Ali Bongo ici ». Et aussi :« Moi Léandre Nzue, maire de Libreville. En 2009 Ali bon n’a pas gagné à Libreville. En 2016 nous n’avons pas gagné mais moi ici maire de Libreville, le président gagnera en 2023 cette fois. Je prépare déjà 2023 et les personnes qui ont été embauchées me font un électorat sûr. Que ceux qui ont les oreilles comprennent ce que je dis ».
De telles déclarations sont incontestablement un témoignage de fidélité sans faille qui devrait faire office de cuirasse politique pare-balle à l’épreuve de tout « sniper ». Mais, apparemment, Léandre Nzue viendrait d’être victime d’un « attentat politique » de la part d’ennemis tapis dans l’ombre qu’il se serait fait dans son propre camp politique et qui voudraient bien le voir perdre son statut de Premier citoyen de la ville de Libreville. Est-ce pour cela qu’il aurait été pressenti pour figurer comme membre du gouvernement Ossouka-Raponda ? L’homme aurait refusé l’offre. Or, comme dans le célèbre film de Francis Ford Coppola, « Le Parrain », une telle offre, au Gabon, fait partie de celles qu’on ne saurait se permettre de refuser. Le maire de Libreville, confie-t-on, n’y aurait pas perçu une promotion mais aurait plutôt soupçonné une machination ayant pour objectif non seulement de l’évincer de l’Hôtel de Ville, mais, par la suite, de ne pas l’éterniser au Gouvernement. Mais alors, qui, dans l’ombre, tirerait les fils de cette « cabale » anti-Léandre Nzué ? Difficile à déterminer. Toutefois, une petite phrase au ton assassin du Maire, face au journalistes, donne une indication : « En 2016 nous n’avons pas gagné mais moi ici maire de Libreville, le président gagnera en 2023 cette fois. » Autrement dit, à la différence de mon prédécesseur. Qui n’est autre que Rose-Francine Ossouka-Raponda. Quelque temps auparavant, notre confrère Jeune Afriques dans un article paru dans son numéro du 13 septembre 2019, relevait, parmi les traits saillants dégagés des entretiens de Georges Douguéli avec l’actuel maire de Libreville, le fait qu’« Il a hérité d’une masse salariale que son prédécesseur, Rose Christiane OssoukaRaponda, avait alourdie. Avant d’être nommée ministre de la Défense, le 30 janvier 2019, celle-ci avait recruté 334 agents entre mars et septembre 2018, alors que la mairie en employait déjà 2 950… ».
Et toc pour Rose-Francine OssoukaRaponda. Autre fait relevé par l’hebdo africain : « Sitôt installé, Nzué a mis en demeure par voie de presse les cadres de l’ancien exécutif municipal de ramener les véhicules et le mobilier de bureau qu’ils avaient emporté, non sans les menacer de faire intervenir les forces de l’ordre pour obtenir la restitution de ces biens municipaux. » Et, retoc. Sans oublier ces près de 27 milliards de FCFA dont l’ancienne mairesse de la commune de Libreville Rose Christiane OssoukaRaponda avait indiqué à Léandre Zué au moment de la passation de charge qu’ils se trouvaient au Trésor public. Ce dernier semblerait rechigner à les reverser à la mairie de Libreville. Et, comme un malheur ne vient jamais seul, il faut rajouter ce communiqué de la CNSS qui pointait la mairie de Libreville « pas à jour dans le versement des cotisations sociales ». Et, cela depuis plusieurs années, y compris donc les années Ossouka. Une ambiance entre les deux personnalités, loin de toute convivialité, et qui peut conduire au bas mot à de la méfiance, pire, à une franche hostilité. Mais au-delà du climat de leurs rapports, une question essentielle s’impose : qui dans le camp du pouvoir peut refuser une nomination du Président de la République et du distingué camarade Ali Bongo Ondimba au Gouvernement ? Une telle « offre » n’est pas refusable. Le cas contraire tient du rarissime au Gabon.
Alors, faut-il croire qu’ABO et les siens préfèrent conserver Léandre Nzué à la Mairie de Libreville jusqu’à la présidentielle ? Par ailleurs, que faut-il penser de la déconvenue de cette proche de Marie-Madeleine Mborantsuo, RFOR, face à ce fidèle des fidèles auto-proclamé, Léandre Nzué ? Wait and see !
Stéphane MWAMEKA