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Reportage/Petit commerce :Les difficultés des gérants de bars

Etant presque l’unique moyen de détente à Libreville, le bar est considéré comme l’une des activités les plus rentables au Gabon, si ce n’est la plus rentable. Malheureusement, à l’instar d’autres secteurs de l’économie, force est de constater que ce n’est plus vraiment le cas, actuellement ; la faute, à n’en point douter, au Coronavirus, dont on se demande si l’on en sortira un jour ; du moins si le Gouvernement trouvera les voies et moyens pour que la société puisse vivre avec.

M.N.E est une compatriote d’environ une trentaine d’années vivant et exerçant, depuis deux ans, le métier de gérante de bar à Sotéga, l’un des quartiers populaires de la commune de Libreville, en vue de subvenir à ses besoins et ceux de sa fille. Vivant sur place, elle ouvre, tous les jours dès 6h30, sauf en période scolaire, puisqu’il lui faut d’abord accompagner son enfant à l’école. « C’est bon d’être autonome, car il vient un âge où l’on ne va pas attendre que les autres fassent tout pour vous », soutient – elle. Pour s’approvisionner, elle a recours à des détaillants, des semi – grossistes ou se rend directement dans les locaux de la Société des Brasseries du Gabon (SOBRAGA). « Les prix que je pratique m’ont permis de fidéliser une certaine clientèle : 600 ou 700 FCFA pour les boissons alcoolisées, notamment la Régab, et 500 pour celles sucrées. Et je vous prie de croire que ça marche ». On serait tenté de la croire car, selon elle, « en temps normal, je ferme à minuit. Mais des « abonnés », sachant que je suis sur les lieux, viennent frapper à ma porte, me suppliant d’ouvrir car ils veulent boire. Et ce, même à 3h du matin ». Pour ce qui est du choix musical, la jeune femme déclare que « cela dépend de la clientèle. Il n’y a aucune restriction. Parfois, les clients apportent la musique qu’ils veulent écouter dans leur téléphone portable qu’ils connectent aux baffes et le tour est joué ».

Coronavirus et connivence

A la question de savoir si elle ne craint pas, avec cette habitude, de se faire agresser, la jeune mère assure qu’elle ne se sent nullement en danger, dans ce quartier où elle connaît beaucoup de monde. « Ce sont les policiers que je crains le plus, surtout en cette période très difficile pour le petit commerce ». En effet, à chaque contrôle, la jeune femme redoute d’avoir à débourser de fortes sommes d’argent, déjà qu’elle ne gagne presque rien et traîne des dettes auprès de plusieurs fournisseurs. « Une fois, des agents de police, attirés par la musique qui passait dans le bar, sont arrivés à un moment où je n’ai pas eu le temps de congédier des clients, m’ont reproché leur présence au – delà de l’heure du couvre – feu et exigé le versement d’une somme de 30.000 FCFA. Après d’âpres négociations, je leur ai offert des boissons et remis 5.000 FCFA à leur chef. Après cela, ils ne sont plus jamais revenus », raconte – t – elle. Dame M.N.P, une autre gérante rencontrée ce jour – là, renseigne sur d’autres tracasseries liées au contrôle policier. « Depuis le jour où j’ai dû leur verser quelque chose, en raison du non – respect des mesures barrières, j’ai enlevé de nombreuses tables et chaises dans mon local. Ce qui fait que les clients qui n’ont pas où s’assoir achètent leur bière mais rentrent chez eux, ils ne restent pas. Une autre fois, une collègue a vu son matériel et elle –même embarqué pour, dit – on, aller au poste. On l’a vu revenir, une heure plus tard, avec tous ses biens. On ne sait pas s’ils sont réellement arrivés au commissariat ». Pour M.N.E, le Coronavirus a eu des conséquences désastreuses, son chiffre d’affaires s’étant écroulé. « La vie est devenue très dure. Parfois, mon homme ou ma belle – sœur me vient en aide mais je ne sais pas si je pourrai tenir longtemps dans ces conditions », se lamente – t – elle. Et quand on lui demande ce que l’Etat pourrait faire pour relancer l’activité, elle suggère un aménagement du couvre – feu.

« Nous ne sommes pas contre la mesure, mais ce serait bien si l’on pouvait aller jusqu’à 22h ou 23h. Quelqu’un sort du travail, il pourrait avoir envie de se détendre un peu. Et nous, on a besoin de faire des recettes, d’autant plus que certains parmi nous ont des contrats de bail commercial. Il faut penser à tout le monde ». En tenant ces propos, M.N.E révèle que la consigne ne serait pas suivie par tous. « Il y a une rumeur selon laquelle des gérants gardent leurs bars ouverts jusqu’à 2h ou 3h du matin, avec la bénédiction de la police ou de militaires. Dans ce cas, qu’on permette à tout le monde de faire pareil », d’autant plus que, ironise – t – elle, « si les pouvoirs publics ne veulent plus que les gens aillent dans les bars, ils n’ont qu’à fermer Sobraga » ; une déclaration qui a déclenché une crise de fou rire dans l’assistance. Puisse le Gouvernement de Rose Christiane OssoukaRaponda se pencher sur la question !!!!

Yohan Freddy NGUEMA ZUE        

 

 

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