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Mairie de Libreville | Entretien avec Joe-Fred Madouta, président du Syndicat libre des agents de la mairie de Libreville (SYLAML)

« Nous tenons au départ des fonctionnaires et d’autres contractuels. Si ce point n’est pas réglé, c’est que tous les points ne sont pas réglés ».

 

Pyramidmédiasgabon : Faisant suite à votre préavis de grève, l’administration vous a convié  à la table de négociations. De quoi avez-vous parlé exactement ?

Joe-Fred Madouta ;   Il faut dire qu’en date du 28 février 2022, nous avons déposé un préavis de grève, parce que, nous avons estimé qu’il y avait beaucoup  des errements de la part  de notre administration, trop de dérives. Il fallait que notre  administration soit canalisée, c’est pourquoi, nous avons déposé un préavis de grève.

Face à ces dérives et en déposant ce  préavis de grève, nous avons compris que la carrière et le social des agents municipaux étaient menacés et qu’il était question de discuter avec notre administration par rapport à tous les maux qui minent la mairie de Libreville.

Et nous sommes allés en négociations du 17 mars au 05 avril. Durant  cette rencontre, nous avons évoqué le départ des agents admis à faire valoir leur droit à la retraite, pour le compte de l’exercice 2019, 2020 et 2021. Sur ce point, nous n’avons pas  compris le rétropédalage de notre administration, qui avait, elle-même, pris la décision de mettre ces agents à la retraite. Nous avons donc constaté  qu’elle s’était fourvoyée. D’abord, sur le fait  que les agents concernés n’avaient jamais été notifiés. Ce qui est déjà une erreur de droit.

Deuxièmement, quand il y a rupture de travail, l’administration doit payer intégralement les droits aux agents appelés à la retraite. Mais depuis le 31 janvier, la mairie avait coupé les salaires de ces derniers et jusqu’à ce jour, ils ne perçoivent plus leurs salaires. Nous avons posé le problème à l’administration, car, cette situation avait une conséquence sur ces agents.

Lors de cette rencontre, nous avons exigé de l’administration le départ des fonctionnaires. Quand vous regardez l’arrêté 240 du 15 juin 2004, qui fixe les conditions générales d’emploi des personnels de la mairie de Libreville, qui prévoit à son article 16, que le fonctionnaire peut être détaché auprès de la commune de Libreville, à la demande de l’autorité municipale, au titre des compétences transférées et sous réserve d’un emploi disponible. Nous avons des cadres bien formés, des agents passés par des grandes écoles qui sont aptes    à occuper des fonctions au sein de notre administration. Il n’est pas question d’accepter ce qui se passe actuellement à la mairie de Libreville. Nous avons des gens qui ne maîtrisent pas grand chose. Il y a des agents d’exécution ailleurs, mais qui viennent occuper des fonctions de directeurs à la mairie de Libreville. Nous avons exigé le départ de ces derniers.

Quelle est donc la position de l’autorité municipale par rapport à vos revendications ?

Sur le point des départs à la retraite, l’administration a reconnu qu’il faut procéder au paiement. Et il a été décidé que ceux de 2019 seront payés à la fin de ce mois (mai 2022). Maintenant, pour les retraités de 2020 et 2021, il sera établi des contrats de suggestion. C’est-à-dire que ces retraités ne viendront plus au travail, jusqu’au paiement total de leur droit. Ces agents ne percevront que leur salaire brut.

Pour la carrière des agents, s’agissant des avancements automatiques, est une question de droit, un agent est appelé à avancer automatiquement. Pour un agent public, il y a deux façons d’évoluer.

 La première,   quand  vous êtes recruté pour une catégorie bien précise, c’est à travers les avancements automatiques, ça peut être des avancements au  choix, de classe ou d’ancienneté. Depuis 10 ans, les agents municipaux n’étaient plus codifiés. Nous avons donné trois mois à l’administration pour mettre en musique ce point de revendication. L’administration à un mois, pour prendre les textes relatifs pour les avancements automatiques et au choix. Le deuxième mois, pour procéder à la codification des ces actes.

Il y a aussi la question sur la dette de la CNSS, depuis 19 trimestres, les allocations n’étaient plus payées  du fait de cette dette. Et l’Etat a racheté cette dette. L’Etat  a déjà versé 6 milliards depuis le 31 décembre 2021, reste maintenant  à savoir si ce montant a été effectivement versé. Mais il faut dire que depuis 2021, la mairie était à jour au niveau de la CNSS, c’est pourquoi, nous percevons  le paiement des allocations familiales. C’est déjà aussi une victoire.

Il y a le dossier sur  la situation des agents recrutés, mais qui n’ont jusqu’à ce jour pas été mis en solde. Il faut savoir que, quand le maire Léandre Nzué est arrivé, il a recruté sans tenir compte des finances. Ce qui fait qu’il y a beaucoup d’agents recrutés, sans être mis en solde depuis 2019, c’est un préjudice pour ces agents. Là aussi, nous avons donné trois mois à l’administration pour remédier à cette situation, car ces agents travaillent, au même titre  que ceux qui ont été recrutés par le même arrêté, mais qui perçoivent leurs salaires. Il s’agit là d’une  injustice qui doit être corrigée.

Nous avons évoqué la mise en place d’un système de rémunération. Il faut dire que la grille indiciaire est une grille de droit commun, qui a été revue lors des accords d’Angondjé. Elle est active  au niveau de l’Etat central. Les agents municipaux, sont les agents publics de l’Etat, donc cette grille doit être appliquée au niveau de notre administration. Ce point sera appliqué à compter de 2023.

Que va-t’il se passer si l’administration ne respecte pas ce cahier de charges dans trois mois ?

Nous avons mis en place une commission ad-hoc, pour cela, nous remercions madame le maire, qui a compris la nécessité d’apaiser le climat au sein de notre institution. Nous avons discuté, il faut maintenant donner du temps à l’administration, ce n’est pas par un coup que tous ces points seront réalisés. Nous n’avons pas totalement confiance, car il s’agit des politiques, mais nous avons donné trois mois. En plus du comité ad-hoc, nous avons mis en place un comité de suivi, représenté par toutes les parties. Et si dans trois mois, il n’y a rien, nous repartirons vers la base pour apprécier. Le préavis de grève n’a pas été levé, il a été suspendu.

 Dans quel état se trouve actuellement la mairie de Libreville ?

Il faut dire que le climat est délétère, avec la présence massive des fonctionnaires de l’Etat central et des cadres du privé. Ce qui met en mal notre administration. Car, il s’agit des privilégiés. Nous avons choisi d’être des agents municipaux et nous faisons carrière dans notre administration. S’il y a des postes à occuper, ces fonctions doivent revenir aux agents municipaux. Maintenant, s’il y a un problème de compétence dans un poste bien précis, c’est dans ce cadre là que la mairie peut faire appel à une compétence extérieure. Actuellement la mairie de Libreville manque quasiment de tout: l’encre, du papier, la climatisation et autres. Mais il y a des recrutements, s’il y a recrutement, ce que l’administration a les moyens nécessaires pour faire face à toutes les charges . C’est un climat provoqué par ceux qui dirigent actuellement.

Qu’en est-il du partenariat avec les grandes écoles ?

Pour évoluer, il y a deux façons. L’avancement automatique et la formation. C’est utopique de penser qu’on peut évoluer sans formation.  A l’époque de Mr Ntoutoume Emane, il avait compris qu’il y avait un problème de formation chez les agents et il avait initié un partenariat avec les grandes écoles. Ces partenariats ont été suspendus à l’époque de Mme Ossoucka. Ce point sur la formation est également inscrit dans notre cahier de charges. Nous avons demandé à l’administration de réactiver ce partenariat avec les grandes écoles.

Votre mot de la fin

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Nous tenons au départ des fonctionnaires et d’autres contractuels. Si ce point n’est pas réglé, c’est que tous les points ne sont pas réglés.

 

Propos recueillis par Boris Biyoghe

 

 

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