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Gabon : traitées d’irresponsables par Ali Bongo, les régies financières annoncent une année 2022 mouvementée

Ayant été traités d’irresponsables par le président de la République lors de son discours à la nation le 31 décembre dernier, plusieurs syndicalistes, notamment du monde de l’éducation nationale n’ont du tout pas apprécié les propos du numéro un gabonais. Ce, alors que leurs revendications sont légitimes. Parmi ces « irresponsables », il y a les régies financières, dont Ali Bongo a estimé qu’une grève dans ce secteur, est une perte énorme pour le pays. N’étant certainement pas d’accord avec le président, les régies financières annoncent une année 2022 mouvementée. Ici, l’intégralité de Fédération des Collecteurs des Régies Financières (FECOREFI)

 

Déclaration ;

Jean Jaurès, dans un discours à la jeunesse déclarait en 1903 que « Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ».

Aujourd’hui, après avoir suivi avec attention l’adresse à la Nation du Président de la République, Chef de l’Etat ce 31 décembre 2021, nous nous rendons à l’évidence, sauf à s’y méprendre, que l’idéal d’un retour à la normalité dans notre Pays n’est pas la chose la mieux partagée et que l’appareil décisionnel de l’Etat bat désormais pavillon des prestidigitateurs qui écument la Présidence de la République.

Depuis plusieurs années, le climat social dans notre pays est profondément délétère et la crise qui se métastase plombe sérieusement le bon fonctionnement de l’Etat.

Comment peut-on emmener le Chef de l’Etat à ignorer et à être complètement indifférent face à la déliquescence du tissu et de la cohésion sociale ?

Les grèves actuelles et persistantes dans la quasi-totalité des administrations sont symptomatiques d’un profond malaise sociétal que le déni de la réalité offert par ce discours ne peut contrarier les effets pervers dans le quotidien de notre pays.

Complètement aphone face à la déstructuration du climat social dans nos administrations, les thuriféraires du pouvoir n’ont pas trouvé mieux que de jeter, une énième fois, la parole du Chef de l’Etat en pâture en le plongeant dans une indécente autosatisfaction.

Afin de justifier la situation catastrophique dans laquelle leur scabreuse gestion a conduit notre pays, ils n’ont pas trouvé mieux que de faire dire, par le Chef de l’Etat, que les responsables de cette situation ne sont rien d’autres que les « fonctionnaires en grève » et principalement ceux des Régies Financières, véritables boucs-émissaires.

Après une anno horibilis sur le plan social, le Chef de l’Etat aurait pu saisir cette occasion pour rassurer les partenaires sociaux de sa volonté de trouver des solutions aux problèmes légitimes qu’ils posent. Que neni ! Les partenaires sociaux ont bien au contraire essuyé une volée de bois vert en se faisant traiter d’irresponsables. Comble de l’ironie, car le Chef de l’Etat ne se doutait certainement pas que la félonie de ses collaborateurs l’éloignerait davantage du peuple.

Comment traiter d’irresponsables des partenaires sociaux qui dénoncent la gabegie et les dysfonctionnements qui plombent nos administrations ?

Comment emmener Le Chef de l’Etat à penser que ces partenaires sociaux sont à la base des manœuvres déstabilisatrices de notre pays ?

Prenons le cas des Régies Financières, que peut-on bien reprocher à ses véritables patriotes ?

N’ayons nullement la mémoire sélective. En 2017, les agents des Régies Financières ont dû renoncer à 48 milliards FCFA sur un stock d’arriérés de primes de 64 milliards FCFA afin d’aider notre pays à faire face à la forte crise économique qui sévissait. En ce moment les partenaires sociaux étaient-ils irresponsables ?

Lors du premier accord avec le FMI sur le mécanisme élargi de crédit qui exigeait de notre pays des mesures dites d’austérité, les Régies Financières ont répondu à l’appel de la République en soutenant ces mesures et en y concédant une décote sur l’enveloppe des primes de plus de 30%, était-ce irresponsable de leur part ?

En 2020, la Fédération des Collecteurs des Régies Financières (FECOREFI) interpellait les plus hautes autorités du Pays en tête desquelles le Président de la République, Chef de l’Etat sur l’impérieuse nécessité de nettoyer le fichier du personnel et des primes qui permettait à l’État de réaliser des économies de plus de 1 milliards FCFA sur l’enveloppe à payer. Était-ce irresponsable de leur part ?

Est-ce irresponsable de dénoncer les dépenses fiscales outrancières, la démobilisation et la démotivation des agents causée par le silence méprisant du Gouvernement ?

Dénoncer la félonie de ceux qui ont rédigé et soumis à la signature du Chef de l’Etat les décrets 00428 et 00429/PR/PM du 24 décembre 2020 et qui contribue fortement à la déstructuration des Régies Financières, est-ce irresponsable ?

Les Partenaires Sociaux sont-ils responsables de la situation financière dans laquelle se trouve notre pays ? Sont-ils responsables des détournements et autres malversations impunis et entretenu par certaines grosses légumes tapis dans les arcanes du pouvoir ?

Qui est irresponsable ?

Nous avons naïvement cru à une ouverture pour la recherche d’une solution aux différents maux portés en revendications par les partenaires sociaux. Nous avons espéré un appel à la concertation pour la préservation de la cohésion sociale et l’apaisement du climat social.

Sans dialogue et dans un mépris déconcertant on ose faire dire par le Chef de l’Etat que certaines revendications des Régies Financières ont été satisfaite, nous voulons savoir lesquelles. Quelles sont les revendications qui ont été résolu ? Le fichier des primes a-t-il été nettoyé ? Le dialogue est-il effectif entre le Gouvernement, sensé mettre en musique la politique du Président de la République, et les partenaires sociaux ?

La criticité de la situation sociale de notre pays exige de chacun de nous du courage.

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques.

Nous l’avons tous entendu, ils n’ont rien à faire du dialogue social, ils ont trouvé les responsables et boucs-émissaires de leur inconséquence.

Pour les partenaires sociaux des Régies Financières il n’est plus question de tergiverser mais d’être plus ferme que jamais afin de ramener l’accalmie et la sérénité au sein des mamelles de l’Etat.

2022 s’annonce très mouvementé. 

 

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