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Gabon: les rues de la débrouillardise

Plusieurs nids de poule formés ici et là, dans plusieurs rues de la capitale gabonaise, ont inspiré les jeunes gabonais, pour la plupart désœuvrés. Matériaux de fortune en mains, ces derniers se sont transformés en « boucheurs de trous ». Un « métier » qui leur donne un peu de sous, grâce à une quête ouverte à cet effet.

Pleine-Orety, quartier situé à  la lisière du premier et deuxième arrondissement de Libreville. A quelques encablures du lieu-dit « Chez Mackjoss » du nom d’une icône de la musique gabonaise, décédée il y a quelques années et célèbre résident de Plein-Orety, quelques jeunes munis de pelles, pioches et quelques matériaux de fortune s’activent autour d’un trou béant qui s’est formé au milieu de la principale rue du quartier. Ils tentent, à leur manière, de boucher ce cratère pour faciliter le passage des véhicules.

Ici, une quête est ouverte pour y verser quelques pièces d’argent : « c’est aussi une manière de nous encourager » justifie Dexter, l’un des jeunes rencontrés sur les lieux. « Avec cet argent, on peut s’acheter de quoi manger. Nous pouvons aussi payer un sac de ciment et quelques brouettes de sable pour que les travaux tiennent pendant quelques jours« , poursuit notre interlocuteur.

Au quartier Sotega, à quelques mètres de l’ancienne société éponyme, dans le deuxième arrondissement de Libreville, un autre cratère s’est formé sur la principale route de la contrée. Mêmes méthodes employées par quatre jeunes dudit quartier. Avec quelques cailloux, ils tentent de rendre le passage un peu plus fluide. Comme à Pleine-Orety, une quête d’encouragement est aussi ouverte. « Il arrive, avec de beaucoup de chance qu’on rassemble plus de 20.000 FCFA. On se partage la somme et c’est souvent ceux qui ont  apporté plus de cailloux qui prennent la grosse part« , explique l’un des plus anciens sur les lieux.

Autre quartier,  autre nids de poule à boucher. A Nzeng-Ayong, dans le sixième arrondissement de Libreville, non loin de la « pharmacie de garde« , à l’entrée d’une route en pavés, les automobilistes sont  interpellés pour verser quelque chose à la caisse:  » le boss, il faut aider tes petits qui se débrouillent. Même une pièce de 50 francs suffit », s’écrie un jeune vêtu de gilet jaune, comme pour montrer le sérieux de leur travail qui consiste à boucher le cratère qui empêche une circulation fluide à cet endroit. « Nous sommes des jeunes gabonais, mais nous n’avons rien, pas de travail. C’est ce qui nous permet de tenir », indique notre interlocuteur. Mais les choses ne se passent aussi en toute honnêteté. Selon, plusieurs riverains, à la nuit tombée, certains jeunes viennent saccager le travail entrepris de jour. « C’est pourquoi ils sont au même endroit tous les jours », témoigne un riverain.

Comme dans ces lieux cités plus haut, plusieurs rues de Libreville, faute de travaux conséquents, sont livrées à ces jeunes qui en font leur petit fonds de commerce.

Avec l’avancement, à pas de tortue, des travaux des voiries urbaines entamés par les pouvoirs publics, les automobilistes ont encore plusieurs quêtes routières à payer.

Junior Akoma 

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