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Formation professionnelle : La sempiternelle rengaine du président mal entouré

C’est un peu ce qui ressort du dossier conduit par ‘’l’Union’’  sur la question de la formation professionnelle. A partir de vieilles déclarations d’Ali Bongo Ondimba, notre consœur nous rappelle que « le Président de la République instruit depuis 2010 ses gouvernements successifs à booster la politique de formation professionnelle, à créer des établissements, à former la jeunesse gabonaise aux métiers techniques demandés sur le marché de l’emploi ».

Des instructions qui, selon les écrits d’Innocent Mbadouma du quotidien gabonais parus hier, se heurteraient aux « tergiversations de certains ministres en charge de la formation professionnelle à apporter des solutions. » Ali Bongo Ondimba sera même contraint, explique le journaliste, de mettre personnellement la main à la pâte en se chargeant  « lui-même d’impulser des programmes », comme c’est le cas avec le dialogue social d’Angondje ou encore « Le projet de développement des compétences et de l’employabilité (Prodece)…mis en place par le ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation technique et professionnelle et de l’Insertion des jeunes, avec le concours de la Banque mondiale ». Qu’en a-t-il résulté ? Le verdict de notre confrère est à la limite du sans appel : « Dans la conduite de ces projets, force est de constater que le gouvernement va parfois confondre précipitation et pragmatisme. Le projet « Un jeune, un métier » restera l’ombre de lui-même ». Le quotidien, pourtant qualifié de « gouvernemental »,  s’en prend vertement toujours aux « gouvernements successifs » pour dénoncer l’échec du « programme « Former ma génération – Gabon 5000 » dont, explique l’article, « les résultats ne restent perceptible que par ceux qui ont géré ces programmes ». En somme, selon le quotidien national « Pour le moment, le gouvernement peine à convaincre l’opinion »

Alors, nous nous posons la même question que « l’Union » : « existe-t-il un fossé entre les instructions du chef de l’Etat et leur mise en œuvre par le gouvernement ? » Innocent Mbadouma se la pose et y répond en mettant le gouvernement à l’index sur l’air de la rengaine bien connue que le Président est bon mais mal entouré par ceux…qu’il a, lui-même, nommés et se sont grassement enrichis sur le dos de l’Etat et des contribuables. Accrombessi, Laccruche Alihanga, et leurs cohortes de braqueurs d’Etat… par exemple.

Autrement dit, à en croire notre confrère, tout irait mieux sans ces « gouvernements successifs ». L’argument est un peu court. C’est vite oublier qu’un avantage naturel évident – bois, mines, pétrole, terres arables – a pu s’avérer un handicap  pour un pays mal gouverné comme le Gabon où un Etat prédateur gaspille les rentes au lieu de servir une stratégie collective visant les biens communs.

En effet, ce sont les politiques publiques qui conditionnent largement l’attractivité d’un territoire (infrastructures, fiscalité, formation de la main d’œuvre, qualité de la vie, sécurité, santé publique) qui, à son tour, détermine la localisation des activités.

La stratégie volontariste adoptée par la Corée du Sud a orchestré la remontée progressive des filières, du montage des pièces détachées importées à la production des biens d’équipements informatisés, de la couture des tissus importés à la chimie de synthèse. L’avantage politique de la Corée du Sud est sa capacité à mettre en œuvre des politiques industrielles pertinentes et des politiques économiques volontaristes et efficaces, soutenir la recherche et garantir la stabilité politique et à protéger les industries naissantes.

Or, le problème est que l’école gabonaise ne répond pas aux exigences de développement. Et cela depuis la coloniale. Peut-on sortir des logiques coloniales ? Veut-on sortir des logiques rentières qui n’enrichissent qu’un tout petit nombre ? Pour opérer une véritable révolution scolaire. Rien n’est moins sûr.

 Stéphane MWAMEKA

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