Pyramid Medias Gabon

Editorial : Erosion des libertés fondamentales!

Afrobarometer, est un réseau panafricain reconnu pour sa neutralité et son sérieux dans la recherche par sondage. Son travail produit des données fiables par an sur les expériences et évaluations des populations africaines relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de la vie.

Son rapport 2020  publié le 15 septembre dernier révèle que 62% des Gabonais, c’est-à-dire, 6 Gabonais sur 10, s’estiment pas «très libres » ou «pas du tout libres » de s’exprimer sur les questions politiques. C’est que la peur de dire librement ce que le citoyen pense de la chose politique ou publique a atteint des proportions telles que ce dernier croit qu’il n’a plus le droit de donner un point de vue libre sur la gestion du pays. Car, il est établit que c’est la politique qui gouverne le pays avec toutes ses richesses qui sont le bien de la communauté.

Il est vrai que certaines réalités sociopolitiques concourent à cette érosion de la liberté d’expression. Par exemple, depuis 2009, les rassemblements publics sont quasiment interdits, à défaut d’être  violemment réprimés en cas de rassemblement non autorisés. Du coup, les partis politiques, en dehors du parti au pouvoir et ses alliés, voient leur marge de manœuvre s’effilocher. Ici, c’est seulement  en période électorale que les meetings politiques sont permis, le temps d’une campagne qui dure maximum deux semaines. Quand on sait qu’il faut attendre 5 ans, le temps d’une élection,  pour espérer réunir ses membres et sympathisants, un parti politique a le temps de disparaître de la scène.

Quid des débats contradictoires ? Là encore, le Gabon est à la traîne. Les plateaux indiqués pour échanger de manière divergente n’existent quasiment pas. Seulement dans certains médias privés. Et là encore ! Les chaînes de télévisions publiques, à l’instar de Gabon 1ère, manque inexplicablement de vraies émissions de débats. Les rares aventuriers qui se sont essayé dans la production et l’animation d’une telle émission, ont vite été rappelés à l’ordre. Pas si surprenant pour une chaîne dont l’essentiel des sujets proposés dans les journaux est institutionnel. Pendant ce temps, des sujets d’actualité brulante subissent un black-out total. Exemple? Le maire de Libreville est interpellé depuis vendredi 18 septembre 2020, c’est quatre jours après que la chaîne publique en fait état. Un peu comme si l’on attendait une autorisation de quelque part pour traiter un tel sujet.Voilà entre autres raisons qui ont classé le Gabon à la 121ème place sur 180 pays, selon le rapport 2020 de reporter sans frontières.

Liberté d’expression et liberté de le presse érodées, peut-on réellement parler fièrement du Gabon comme un pays démocratique, ainsi que le consacre la constitution du pays ?  Le doute est permis et la peur du citoyen de s’exprimer sur les questions politiques a encore de beaux et longs  jours devant nous.

 

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