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Au lendemain de la journée mondiale de la liberté de la presse : quelles perspectives pour la presse gabonaise?

C’est la grande interrogation après tous les débats qui ont agrémenté la journée mondiale de la liberté de la presse autour du thème : « L’information comme bien public ».

A l’instar de la communauté internationale, le Gabon a célébré le 3 mai dernier, la journée mondiale de la liberté de la presse. L’édition 2021 de cette journée  coïncidait avec le 30ème anniversaire de la déclaration de Windhoek, où plusieurs journalistes africains avaient posé les jalons de la journée qui est désormais  célébrée chaque 3 mai de l’année.

Trente ans après Windhoek et 28 ans après la proclamation officielle de la journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des nations unies, quelle est la place de la presse gabonaise? Autrement dit, quelles sont les avancées en termes de  liberté de la presse, de la structuration des entreprises de presse et de la viabilité de celles-ci?

Certes, les différents rapports et les recommandations sont issus de ces réunions annuelles, mais force est de constater que ces actes ont du mal à se matérialiser au fil des ans. Quand bien même la situation économique des médias va décrescendo.

Placé cette année 117ème sur 180 pays, dans le classement annuel de reporters sans frontières sur l’état de la liberté dans le monde, le Gabon a encore du chemin à faire pour se retrouver dans les premières loges africaines, à l’instar de la Namibie, du Cap-Vert et du Ghana, respectivement 26ème, 28ème et 30ème dans le dernier classement mondial.

Mais pour y arriver, notre pays qui a gagné 4 places cette année dans ce classement, devrait, non seulement maintenir le dialogue entre autorités et professionnels du secteur, mais aussi mettre en place et en urgence, de nouveaux mécanismes pour la viabilité économique des médias.

 L’information étant la principale activité de la presse, les professionnels des médias doivent absolument obtenir l’accès facile  aux sources d’information, quitte à mettre en place des moyens coercitifs pour lutter contre la rétention de l’information. D’ailleurs, le thème de cette année : L’information comme bien public » paraît comme une interpellation à l’endroit des spécialistes de la rétention de l’information, pour leur rappeler la valeur et l’importance de la bonne information dans la société. Dans un monde où les fake news envahissent les réseaux sociaux, il n’y a que la bonne information qui peut rassurer les lecteurs, les auditeurs et téléspectateurs qui se désintéressent de plus en plus des médias traditionnels confrontés aux difficultés de tous ordres: rétention de l’information, tracasseries policières, suspensions des journaux par le régulateur, manque de formation, difficultés économiques et financières…

Ici, la catégorisation des médias (médias de l’opposition et médias du pouvoir) apparaît comme l’un des facteurs bloquants de l’émergence de la presse gabonaise. Il faut rappeler que le phénomène est né au début des années 90, lors du retour du pluralisme politique dans notre pays. Face à la difficulté qu’elle avait de passer dans les chaînes de télévisions et radios publiques, l’opposition de l’époque avait créé ses canaux de communication. Mais à partir de 1999, la presse de l’opposition a commencé à s’essouffler. Au point qu’aujourd’hui, plus un parti politique du pays  ne compte en son sein un organe de presse.

La presse vivant essentiellement de la publicité, la catégorisation des médias a toujours été l’argument massue brandi à chaque responsable de média qui s’est aventuré dans la prospection du marché publicitaire. Résultat, la presse privée est quasiment écartée du marché publicitaire du pays.

Or, si l’information est un bien public, les médias (toutes tendances confondues) qui sont au cœur de l’information, doivent être économiquement solides pour mettre à la disposition du public, la bonne information. Comme la santé et l’éducation, pour ne prendre que ces exemples, le secteur des médias doit être sérieusement soutenu par L’État, à travers de nouveaux mécanismes de soutenabilité viables et adaptés  aux réalités endogènes.

Il en va de la démocratie et la bonne gouvernance du pays.

Junior Akoma

 

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